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Van Gogh à Auvers-sur-Oise : le chant du cygne
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Décembre 2023 | Temps de lecture : 22 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de l’exposition « Vincent van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois » à voir au musée d’Orsay, à Paris, du 3 octobre 2023 au 4 février 2024.

Van Gogh fait la une de (presque) toutes les revues d’art en cette rentrée. Surtout, ne croyez pas déjà tout savoir sur le célèbre peintre : l’exposition consacrée au musée d’Orsay aux derniers mois de sa vie rebat si bien les cartes, que cette mise en lumière permet de révéler Vincent van Gogh (1853-1890) même à ses admirateurs les plus fidèles ! L’exposition « Vincent Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois », visible jusqu’au 4 février 2024, constitue en effet l’aboutissement de nombreuses années de recherches sur cette phase cruciale de la vie de l’artiste, et permet au public de l’apprécier enfin à sa juste dimension.

« Il faut que les gens sachent qu’il était un grand Artiste, ce qui va souvent de pair avec le fait d’être un grand Homme. Avec le temps, on le reconnaîtra et nombreux seront ceux qui regretteront qu’il soit parti aussi tôt », écrivait Théo, quelques jours après la mort de son frère Vincent, à leur sœur Lies. Texte ô combien prémonitoire. Comment imaginer que les œuvres d’art à vendre signées Vincent Van Gogh, que les galeries d’art s’arracheraient aujourd’hui, aient pu si difficilement trouver preneurs de son vivant ?

Quand Vincent arrive à Auvers-sur-Oise, le 20 mai 1890, il est fatigué, abîmé… mais animé de l’envie de trouver un nouvel élan créatif. Il y décédera pourtant le 29 juillet de la même année, des suites de ce qu’il est convenu de nommer une tentative de suicide. « C’est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l’entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l’honneur humain », écrivait Antonin Artaud, comme nous le rappelle Emmanuelle Lequeux dans son article pour le numéro de Beaux Arts Magazine du mois d’octobre. « Il a 37 ans, il sort tout juste de l’asile de Saint-Rémy-de-Provence où il est resté enfermé plus d’un an suite à la violente crise qui l’a poussé à se couper l’oreille. Fin tragique de la parenthèse solaire de son séjour à Arles, où Gauguin l’avait rejoint », poursuit la journaliste. « Paradoxalement, son enfermement a été des plus féconds : 150 toiles en sont nées. Une nuit, mais étoilée. »

 Aucune exposition n’avait encore été consacrée exclusivement au stade final, pourtant crucial, de sa carrière. En deux mois à Auvers-sur-Oise, le peintre a produit 74 tableaux et 33 dessins, parmi lesquels des œuvres iconiques : Le Docteur Paul Gachet, L’église d’Auvers-sur-Oise, ou encore Champ de blé aux corbeaux. Riche d’une quarantaine de tableaux et d’une vingtaine de dessins, parmi lesquels nombre de chefs-d’œuvre, l’exposition met en lumière cette période dans un propos thématique : premiers paysages figurant le village, portraits, natures mortes, paysages de la campagne environnante. Elle présente aussi la série, unique dans l’œuvre de Van Gogh, des onze (sur douze) tableaux qu’il a réalisés dans un format allongé en double carré. L’accent est également mis sur la dimension cinématographique du mythe Van Gogh, qui inspira Minnelli, Kurosawa ou Pialat.

Au sortir de l’asile de Saint-Rémy-de-Provence, Vincent Van Gogh ne veux plus se laisser submerger à nouveau par le chaos de la capitale, où il a vécu de 1886 à 1888 chez son frère Théo. Lequel fait donc appel aux souvenirs qu’il a de ses échanges avec les peintres qu’il défend en sa qualité de marchand de tableaux, pour lui recommander Auvers-sur-Oise. « Cézanne y a trouvé l’inspiration avant de retourner vers sa Sainte-Victoire, et avant lui, Charles-François d’Aubigny : le maître de l’école de Barbizon est de ceux qui apprirent à Van Gogh à regarder la nature tous feux éteints », note Emmanuelle Lequeux. « Ses forêts ombreuses lui inspirent ses premiers paysages, autant que ceux de Corot. Comme l’évoquent certains de ses crépuscules poudreux, il restera jusqu’à la fin sous leur emprise. Auvers, c’est un peu un retour aux sources, enrichi du souvenir des lumières de Provence. »

Vincent s’installe donc à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris, dans ce pittoresque village où vit aussi un docteur qui semble fait pour lui. « Homéopathe passionné de chiromancie, le docteur Gachet est réputé dans le traitement de la mélancolie et fin amateur des impressionnistes », nous explique la journaliste de Beaux Arts Magazine. « Parmi ses amis, il compte Manet, Monet, Renoir. D’ailleurs, il peint lui-même. »

Les avis à ce sujet seront beaucoup plus controversés par la suite, comme on le sait. Y compris ceux exprimés par Van Gogh lui-même, peu avant la tentative de suicide qui lui sera fatale. « Je crois qu’il ne faut aucunement compter sur le docteur Gachet. D’abord il est plus malade que moi à ce qu’il m’a paru, ou mettons juste autant, voilà. Or, lorsqu’un aveugle mènera un autre aveugle, ne tomberont-ils pas tous deux dans le fossé ? » Même s’il n’a jamais connu Van Gogh, Antonin Artaud partagera avec lui une telle fraternité artistique qu’il ira jusqu’à considérer que le docteur Gachet, « cet improvisé psychiatre » est « la cause directe, efficace et suffisante de sa mort ».

Il n’empêche qu’à son arrivée à Auvers-sur-Oise, installé dans une petite chambre de la maison Ravoux, Van Gogh apprécie autant les charmes du bourg et de ses environs, les jardins exubérants, les vignes, les châtaigniers en fleurs, les rives de l’Oise, les vaches qu’il croque à la manière de Jacob Jordaens… que les dimanches et lundis passés en compagnie de Paul Ferdinand Gachet. En lequel il voit « un nouveau frère, tellement nous nous ressemblons physiquement, et moralement aussi. » De leur amitié naîtra même l’un des joyaux des collections du musée d’Orsay.

A noter qu’une expérience immersive d’environ 10 mn est à ne pas manquer à l’occasion de cette exposition parisienne. Elle consiste à plonger dans la palette de Van Gogh comme on arpente un paysage, pour partir à la découverte des œuvres et des techniques de l’artiste : la perspective, les couleurs et l’impasto (l'empâtement). Cette activité est proposée de 9h40 à 17h20 (21h le jeudi).

Muni d'un casque de réalité virtuelle, vous serez plongés dans le salon de la maison du docteur Gachet à Auvers-sur-Oise, et vous découvrirez le portrait de la fille du docteur Gachet, Marguerite, peint par Van Gogh. Sur la table est posée une palette maculée de peinture. Commence alors le récit de Marguerite Gachet et votre plongée au cœur même de la palette, devenue paysage immersif. À travers les souvenirs de Marguerite, vous découvrirez de manière interactive et animée quatre tableaux majeurs de Van Gogh de la période d’Auvers-sur-Oise.

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