Les expositions à l’agenda jusqu’en été
Les expositions à ne pas manquer dans l’année font comme d’habitude la Une de tous les magazines d’art de janvier. Comme les bonnes résolutions dans les magazines dits féminins (je me suis d’ailleurs toujours demandé pourquoi les maisons de la presse avaient un rayon intitulé « magazines féminins » pour présenter les revues qui ne rentrent pas dans une case… Et j’ai quelques éléments de réponse mais là n’est pas le propos). Le magazine L’Oeil annonce donc dans son numéro de janvier « les 40 expos à ne pas manquer en 2024 ». J’ai pioché soigneusement pour faire ma sélection de leur sélection en n’allant que jusqu’à cet été (inclus). Voici donc « Les 12 expos où Valibri posera sa Roulotte jusqu’à fin août 2024 ». Du trié sur le volet, tout spécialement pour vous !
Je rentre de « Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse », visible au Centre Pompidou-Metz jusqu’au 27 mai. Et je me dis que j’ai intérêt à y retourner plusieurs fois si je veux espérer avoir un jour fait le tour de la question ! Mais pas de panique : comme je dis toujours à mes lecteurs et lectrices en les invitant à pousser les portes des musées, il n’y a pas d’examen à la sortie. Donc là, idem. Je me suis d’ailleurs détendue dès que mon cerveau m’a soufflé que c’était un peu ardu. Je lui ai répondu avec assurance (à mon cerveau) que je n’avais pas besoin de tout comprendre pour apprendre et prendre du plaisir. Non mais.
C’est vrai qu’à l’étage en dessous, je venais de me régaler sans aucune difficulté avec « Bonne Chance », la première exposition personnelle dans une institution française du duo d'artistes Elmgreen & Dragset, à voir jusqu’au 1er avril. Alors certes, le contraste était un peu saisissant, mais non moins intéressant. Je vous conseille donc de prendre un petit café au rez-de-chaussée entre les deux expositions… Il n’empêche que ce Lacan, même s’il m’a donné à réfléchir sur l’association de malfaiteurs qu’il aurait finalement peut-être bien constitué pour Dora Maar avec son cher ami Picasso, nous offre ici de voir L’Origine du monde de Gustave Courbet, le Faux Miroir de René Magritte, le Narcisse du Caravage, la Merde d’artiste de Piero Manzoni, le Portrait de l’Infante Marguerite Thérèse de Diego Velasquez, Mes Vœux, d’Annette Messager, Dormeuse, cheval, lion invisibles, de Salvador Dali… et forcément de penser à foison ! Petit détail qui n’en est pas un : j’ai découvert à la sortie que j’avais fait le parcours à l’envers… donc à l’endroit c’est peut-être un peu plus simple ?
Je vais aussi tâcher de ne pas manquer les 100 ans du Surréalisme célébrés à la mode belge. Avec « Histoire de ne pas rire. Le surréalisme en Belgique », du 21 février au 16 juin, le Bozar, ou Palais des beaux-arts de Bruxelles, fait honneur au mouvement en forme d’utopie artistique et politique, né en France, certes, mais auquel la Belgique a fourni quelques bien beaux spécimens comme René Magritte, Paul Delvaux, Jane Graverol ou Paul Nougé, pour ne citer qu’eux.
A Pont-Aven, j’irai avec la même gourmandise me repaître des galettes de la Crêperie d’Armelle que de la consécration d’Anna Boch (1848-1936) au musée, avec l’exposition « Anna Boch. Un voyage impressionniste », du 3 février au 26 mai. Il était temps en effet que justice soit rendue à cette pionnière belge, peintre néo-impressionniste mais aussi mécène d’avant-garde et voyageuse téméraire, si injustement oubliée en France ! Qu’il s’agisse de son œuvre ou de son histoire : c’est passionnant ! Alors après l’exposition que lui avait consacrée en 2023 le Mu-ZEE d’Ostende, profitons-en en français. Et réservons deux passages par Pont Aven en 2024 : le musée proposera ensuite, du 22 juin au 29 septembre, « Femmes chez les nabis, de fil en aiguille ». J’en ai déjà l’eau à la bouche…
Au musée d’Orsay à Paris, du 26 mars au 14 juillet, ça sera forcément la ruée sur la fabrique de l’impressionnisme avec « Paris 1874. Inventer l’impressionnisme ». Je ne vous fais pas un dessin : les œuvres d’art de Monet, Renoir, Degas, Morisot, Pissaro, Sisley, Cézanne… en feront évidemment l’événement phare du printemps, et bien entendu nous aurons l’occasion d’en reparler. A noter toutefois que l’anniversaire de la fameuse exposition de 1874 réunissant dans l’atelier du photographe Nadar toute la crème de ceux qui deviendraient les Impressionnistes sera célébré un peu partout en France, donc ouvrez l’œil : il se pourrait bien que des œuvres prestigieuses du musée d’Orsay soient prêtées dans un musée près de chez vous !
Tant que nous sommes à Paris, je vous recommande aussi « Jean Hélion. La prose du monde », au Musée d’art moderne du 22 mars au 18 août. Une belle occasion de s’attacher à autre chose qu’à la très connue période abstraite du peintre qui, depuis les années 1920 jusqu’à sa mort en 1987, n’a finalement jamais cessé d’évoluer comme bon lui semblait, jusqu’à se consacrer à l’art figuratif et à l’écriture. Personnellement, j’aime beaucoup cette figure importante de l’art moderne.
Je vous passe, en ce qui concerne Paris mais aussi toute la France, le détail des innombrables expositions qui auront cette année le sport en général et les Jeux Olympiques en particulier pour thème.
Je ne résisterai pas quant à moi à l’appel du fabuleux monastère royal de Brou, qui proposera de questionner en collaboration avec l’espace d’art contemporain H2M, à Bourg-en-Bresse, la fascination que le futur a toujours a exercé sur les artistes. Du 30 mars au 23 juin, l’exposition « Prédictions. Les artistes face à l’avenir » offrira de voir réunies des œuvres d’art de Gustave Doré, Chagall, Rodin, Dürer, Foujita… Et de toute façon, si jamais vous ne connaissez pas encore ce flamboyant monument gothique qui m’a hallucinée un jour où je posais par hasard ma roulotte à Bourg-en-Bresse… foncez !
Je vous raconterai aussi bientôt « Couleur, gloire et beauté », une exposition à trois têtes qui, du 4 mai au 23 septembre, va dérouler le tapis rouge de l’art allemand au musée Unterlinden de Colmar, mais aussi à Besançon et à Dijon. Uniquement de surcroît des musées splendides à arpenter absolument un jour ! L’initiative de cartographier les peintures germaniques conservées dans les collections françaises revient à l’Institut national d’histoire de l’art, et on s’en réjouit.
Je ne peux décidément pas clore cette sélection très subjectivement assumée sans attirer aussi votre attention sur « Turner, le sublime héritage » au Grimaldi Forum de Monaco du 6 juillet au 1er septembre, et sur « James Abott McNeill Whistler. L’effet papillon » au musée des beaux arts de Rouen du 24 mai au 22 septembre. Le peintre américain ayant inspiré le personnage d’Eltis à Proust dans A la recherche du temps perdu pourrait bien vous inspirer vous aussi…
Article écrit par Valibri en Roulotte