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L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
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Néoplatonique Botticelli
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Décembre 2021 | Temps de lecture : 13 Min | 0 Commentaire(s)

À propos de l'exposition Botticelli Artiste et designer au Musée Jacquemart-André  
Jusqu'au 24 Janvier 2022


Tout le monde connait la Naissance de Vénus. Et tout le monde aime Le Printemps. En termes de marketing, on pourrait dire que Botticelli bénéficie d'une excellente image de marque et d'une grande notoriété. Mais ce chouchou planétaire du grand public ne sera pourtant pas forcément cité spontanément parmi les artistes majeurs alors même que ses œuvres s'inscrivent de toute évidence dans le patrimoine artistique de l'humanité. L'article que lui consacre le numéro de Connaissance des Arts de ce mois apporte des éléments de réponse à cette énigme.

Le premier nom qui s'impose est évidemment Vinci. Connaissance des arts le rappelle d'entrée. Des Koons ou des Hirst ont eu, sur ce point, la chance de ne pas avoir un tel génie pour contemporain. Déjà pionnier de la Haute-Renaissance, là où Botticelli en était encore à clôturer le Quattrocento, le divin Léonard a fatalement écrasé de réussite le dernier des « primitifs » qui n'a pu lui opposer que sa misère. Être fauché passe rarement pour un signe de talent. À méditer.

Ce sont pourtant la grâce et la finesse éminemment aristocratiques des traits de ses personnages d'une beauté canonique qui font l'essentiel de leurs charmes, surtout féminins, aux yeux de tous de par cette universalité même. Reflet artistique du néoplatonisme qui régnait alors dans les hautes sphères où Botticelli avait ses entrées. Lui qui livrait la forme parfaite de cette vision du monde en laquelle morale et esthétique se confondent au point que la beauté en devient le signe de la bonté. Sa preuve. Un peu comme à Hollywood finalement où les méchants peuvent être accidentellement canons mais où les bons sont rarement des laiderons. Bref, s'il y a discrimination physique sur ce point, c'est de la faute à Botticelli !

Est-ce de façon plus générale pour cette raison d'essence religieuse que la quête du Beau est devenue le devoir de l'art ? Nous sommes en tout cas ici à la genèse même de la création de Vénus comme du Printemps. Le Beau est une forme d'idéal. Et l'Idéal en ces temps ne pouvait être que divin. D'où la légèreté de ces corps drapés ou nus qui tendent vers le Ciel grâce à la libération des lois de la pesanteur qu'accomplit le pinceau néoplatonicien aimé des Médicis pour sa légèreté miraculeuse.

Malgré la protection des puissants gagnée par son talent, l'œuvre de Botticelli ne respire pourtant pas franchement la joie. Signe des temps ? Pas vraiment. Sa vierge à l'enfant, la Madone Campana ne ressemble en rien à ses homologues de son temps. Elle pose un nouveau canon où l'intériorité un peu triste de la jeune femme l'emporte sur le dévouement simpliste de la mère à l'enfant alors ambiant en la matière. Il n'était pas de beauté pour Botticelli sans contemplation préalable du divin. Ce sens religieux poussé à son summum l'aura même conduit à finir par brûler certaines de ses toiles sous le règne de Savanarole. Triste fin.

Botticelli n'avait donc rien à voir avec le marketing. Il a choisi une stratégie perdante. Mais son génie pictural aura illuminé ce naufrage de l'idée, peut-être, que la postérité fait partie de l'éternité. Qui lui appartient.


Légende :
Sandro Botticelli - Le Printemps- 1478 à 1482

 

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