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Mai 2025 | Temps de lecture : 28 Min | 0 Commentaire(s)

Tas de dégénérés !

À propos de l'exposition L'Art « dégénéré » Le procè!s de l'art moderne sous le nazisme au musée Picasso jusqu'au 25 mai

Il y avait eu les grandes expositions  dpar le Los Angeles County Museum of Art en 1991 ainsi que  la Neue Galerie de New York en 2014. Mais, en France, jamais n'avaient été rassemblées autant d'œuvres honnies par le régime nazi. À commencer par celles qui furent exposées en 1937 à l'institut d'archéologie de Munich sous l'appellation d'Entartete Kunst soit « art dégénéré ». L'exposition se fit même itinérante dans un premier temps voyageant en Allemagne et en Autriche. Le musée Picasso comble aujourd'hui cette lacune en présentant 57 œuvres dont une trentaine ayant figuré dans le cadre de la sinistre exposition nazie. Une manière élégante et utile d'élargir son propos en ne restant pas exclusivement centré sur le génial peintre espagnol. L'œuvre de ce dernier est ainsi remise en contexte en même temps que se trouve exorcisée la haine des avant-gardes du régime hitlérien. Et c'est bien d'un procès rendu public de la modernité artistique que cette action de répression avait fomenté le projet. Au banc des accusés figuraient le dadaïsme, l'expressionnisme, la Nouvelle Objectivité, le Bauhaus et l'abstraction. Les artistes affiliés à ces courants étaient considérés comme  « biologiquement malades » sans quoi ils ne se seraient pas commis à penser à appeler art leurs productions. Ce furent ainsi quelque 102 créateurs qui furent mis au pilori dont Max Beckmann, Otto Dix, George Grosz, Vassily Kandinsky, Paul Klee, Oskar Kokoschka, Otto Mueller et Emil Nolde. On avait pour cela pris la peine de décrocher pas moins de 730 œuvres des cimaises d'une quarantaine de musées à travers toute l'Allemagne. Le public fut au rendez-vous en nombre pour les moquer. On compta plus de 2 millions de visiteurs. C'est Goebbels qui fut à l'origine de cette initiative censée former le négatif de l'art néo-classique et figuratif exposé comme modèle à suivre à la Maison de l'art allemand. Pour Hitler, il fallait être fou pour créer de telles œuvres. Cet art apparenté au judéo-bolchevisme ne pouvait être allemand. Le führer qui se rêvait artiste avait été recalé deux fois au concours d'entrée de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne. Il nourrit le projet de se venger en débarrassant son pays du virus de l'art moderne et en créant à Linz, sa ville natale, un musée regroupant des œuvres d'un classicisme petit-bourgeois correspondant à ses propres goûts qu'il entendait faire partager par tous à commencer par les membres de son état major. Ce fut peine perdue pour Goering qui, en grand amateur d'expressionnisme, sauva autant d'œuvres qu'il le put en 1939. Car, près de 20 000 peintures, dessins et sculptures furent alors extraits des musées qui avaient eu l'inspiration de les acquérir avant l'avènement du régime nazi. Ces œuvres furent brulées ou vendues sous la direction de Goebbels pour en retirer des devises ou acheter, à leur place, des toiles de maîtres du passé passant à travers la censure du Reich. Parce que dissidents ou juifs,les artistes de la honte furent persécutés comme Oskar Kokoschka, assassinés comme Felix Nussbaum, euthanasiés comme Elfriede Lohse-Wächtler, déchus comme Willi Baumeister ou poussé au suicide comme Ernst Ludwig Kirchner. Ayant bénéficié de prêts de la part de 32 collections allemandes, autrichiennes et suisses, le musée Picasso présente quelques-unes des œuvres qui furent volées aux côtés de toiles de peintres juifs comme Jankel Adler, Marc Chagall, Hanns Katz ou Ludwig Meidner. Il produit ainsi une présentation aussi complète que possible de ce que fut l'art allemand des premières décennies du 20ème siècle. Comme le firent finalement, malgré eux, les zélateurs du régime nazi.

Illustration Metropolis de George Grosz (1916=1917)

01_George Grosz, Metropolis

 

En scène, les art visuels !

Trouver des lieux d'exposition supplémentaires inédits et partant de nouveaux publics pour les arts visuels était un projet louable en soi. Choisir pour décors des scènes nationales est une idée astucieuse dont ces dernières sortent elles aussi gagnantes car bénéficiant d'une animation originale. Sans parler des possibilités d'interaction que ce rapprochement peut créer entre arts scéniques et arts visuels. C'est tout l'intérêt du programme CURA, une idée ayant germé au sein de la Direction générale de la création artistique (DGCA) du ministère de la Culture dont la mise en œuvre fut confiée au Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec l'Association des scènes nationales (ASN). Cette initiative bienvenue bénéficia également de l'aide de C-E-A, association française des commissaires d'exposition et naturellement des Directions régionales des affaires culturelles (Drac). La participation à cette action de dimension nationale repose bien entendu sur le volontariat. Douze scènes furent retenues sur la vingtaine ayant candidaté. Elles couvrent l'Hexagone et la Martinique. Le rôle clé du projet revient aux commissaires d'exposition appelés à candidater à titre individuel ou en équipe. C'est à eux qu'incombe la charge de proposer une programmation d'arts visuels sur une saison de spectacles ce qui représente entre deux et quatre expositions. À eux également de proposer une sélection de trois scènes parmi les douze retenues. Les douze lauréats sélectionnés entre les trente dossiers reçues bénéficient chacun d'une dotation de 100 000€ pour monter les expositions projetées. À l'arrivée, l'exposition d'œuvres d'art contemporain ou de happenings sur des scènes nationales modifie leur perception par rapport au cadre du white cube usuel. On rompt ici aves la tradition de silence introverti des visiteurs de musées et de galeries. Exposés dans des lieux de forts passages, toiles, dessins, clichés, vidéos, sculptures et installations s'intègrent plus intimement dans la vie des théâtres et salles de concert. En retour, les scènes trouvent dans les œuvres qu'elles exposent un stimulant les incitant, comme du poil à gratter, à modifier leurs habitudes. La présence ponctuelle des plasticiens peut aussi faire rentrer dans les coutumes de ces derniers une pratique de rencontres directes avec le public héritée du monde de la scène. Les effets positifs de l'initiative CURA seront-ils durables même si cette dernière n'est pas renouvelée ? Allons-nous assister à la transformation des scènes nationale en lieux artistiques pluridisciplinaires ? À voir. CURA a, en tout cas, largement ouvert les portes.

 

Illustrations :

Dreamachines par le collectif Sin - Scène nationale LUX À Valence – Commissaire : Jos Auzende

Dreamachines par le collectif Sin - Scène nationale LUX À Valence – Commissaire : Jos Auzende

Ça te colle à la peau par Carla Adra -  Scènes nationales Les Quinconces + L'Espal au Mans - Commissaire : Raphaêl Brunel

Ça te colle à la peau par Carla Adra -  Scènes nationales Les Quinconces + L'Espal au Mans - Commissaire : Raphaêl Brunel

 Sois sage, je t'aime par Caroline Delieutraz -Théâtre Jean Lurçat à Aubusson  Commissaire : Dominique Moulon et Anne-Sophie Boulan

 Sois sage, je t'aime par Caroline Delieutraz -Théâtre Jean Lurçat à Aubusson  Commissaire : Dominique Moulon et Anne-Sophie Boulan

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