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L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
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Vladimír Škoda dans les hautes sphères
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Mars 2024 | Temps de lecture : 23 Min | 0 Commentaire(s)

A propos du sculpteur de renommée internationale installé depuis une vingtaine d’années en Auvergne.

J’ai eu l’immense plaisir de rencontrer Vladimír Škoda à l’occasion d’une exposition dont il avait accepté d’être le commissaire à La Lune en Parachute, l’espace d’art contemporain d’Epinal, dans les Vosges, où il avait invité cinq de ses anciens élèves à mêler leur travail au sien. Ce grand maître du cosmos m’avait avoué, avec un sourire espiègle, ne pas avoir été insensible à l’appellation du lieu qui l’avait sollicité… C’était en 2017 et je ne mesurais pas tout à fait la chance qui m’était donnée. J’avais même dû insister auprès de ma hiérarchie pour justifier mon déplacement ! L’artiste avait été adorable, et nous avions devisé comme deux vieux amis. C’était incroyable et passionnant. En rédigeant mon article à l’époque, j’avais été (encore plus que d’habitude) terriblement frustrée par le cadre imposé par le journal, limitant drastiquement le lignage : ce grand monsieur (à tous les sens du terme) avait déjà 75 ans et une vie digne d’un roman ! Aujourd’hui le sculpteur a 81 ans, et la journaliste Elisabeth Couturier a pu déployer sa visite d’atelier sur six pages dans le numéro de janvier du magazine Connaissance des arts. Joie !

« On croit connaître son œuvre, sans avoir une idée exacte de la place qu’elle occupe dans le nouveau paysage de l’art », écrit la journaliste en préambule, avant de filer la métaphore cosmique. « De Vladimír Škoda, on retient les sculptures composées de sphères de différentes dimensions. Mais comme la course des planètes autour du soleil, son travail s’inscrit dans un mouvement perpétuel. L’artiste ne cesse d’opérer des révolutions. Notre visite dans son atelier proche de Thiers, dans le Massif central, confirme son plaisir d’expérimenter. » L’artiste français d’origine tchèque, né à Prague le 22 novembre 1942 et arrivé en France âgé de 26 ans, a reçu l’équipe du magazine dans l’ancienne coutellerie de cinq mille mètres carrés qu’il occupe depuis une vingtaine d’années. Rien d’étonnant à ce que le sculpteur utilisant le fer et l’acier ait été attiré comme un aimant par cette région produisant encore 80 % des couteaux français et où perdure le savoir-faire.

Puisant son inspiration et son énergie créatrice dans l’observation des nuées, confiant en sa bonne étoile, Vladimír Škoda est un homme équilibré : la tête dans les étoiles et les pieds dans la forge. La vaste friche industrielle près de Thiers lui sert aussi bien de laboratoire que d’entrepôt : « Ici je peux stocker des pièces de toutes les époques et m’enquérir des connaissances des ouvriers spécialisés qui travaillent dans les usines à proximité. Par exemple, ils savent comment insérer des fils d’or et d’argent dans le métal », explique le sculpteur à la belle barbe blanche, dont les recherches avaient été remarquées à Thiers. Il y avait été invité en 1985 pour participer au Symposium de Sculpture métallique, et c’est ainsi qu’il y a déniché son atelier quelques années plus tard.

L’Auvergne n’est pas peu fière d’héberger un tel artiste à la renommée internationale. Ses œuvres d’art viennent d’y être semées un peu partout dans le cadre de la Saison tchèque et de la candidature de la Ville de Clermont-Ferrand au titre de Capitale européenne de la culture 2028. L’association Clermont-Ferrand Massif central 2028 a en effet proposé du 13 octobre 2023 au 13 janvier 2024 l'exposition « Constellations » de Vladimír Škoda en 9 sites avec plusieurs volets d'expositions.

Cette rétrospective présentait 50 ans de création de l'artiste. On l’a vu, Vladimír Škoda développe donc une œuvre sculpturale majeure réalisée essentiellement en métal, dont il a exploré la matière en fusion par les procédés de la forge et affirmé un intérêt pour la géométrie des formes, notamment la sphère. Elaborée en collaboration étroite avec le centre d’art contemporain du Creux de l’Enfer, la galerie d’art Claire Gastaud qui gère les œuvres d’art à vendre de Skoda, la Ville de Clermont-Ferrand, le Département du Puy-de-Dôme, la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes et la Ville de Thiers, cette exposition itinérante autour de l’oeuvre de Vladimír Škoda, liait la République Tchèque, où il est né, Thiers, lieu de création de la plupart de ses oeuvres, et Clermont-Ferrand.

Autour d’eux, dans l’atelier du sculpteur, la journaliste Elisabeth Couturier et le photographe Sébastien Vincent découvrent « des pièces emblématiques, à commencer par les formes ramassées de ses débuts, plus ou moins carrées, remarquables par la puissance archaïque qu’elles dégagent et, contre un mur, les premières sphères métalliques aplaties au marteau-pilon. Et puis des boules désormais usinées : petites, moyennes ou grandes, rugueuses ou lisses, brillantes ou mates, transparentes ou opaques, certaines en cours de montage, d’autres déjà emballées. Elles iront rejoindre de grandes collections internationales. » Avec ses allures de vieux sage et son physique imposant, Vladimír Škoda dégage une force si vive, l’œil toujours aux aguets, que le temps semble ne pas avoir d’emprise sur lui.

Vladimír Škoda et Valibri en Roulotte

« J’ai toujours été fasciné par le métier de forgeron », se souvient l’ancien élève de César. « Mon oncle était maréchal-ferrant. Vers 6-7 ans je maniais déjà le marteau et l’enclume (symbole de Thiers, cela dit en passant !). J’étais gaucher, impossible pour moi de dessiner de la main droite comme on me l’imposait. Or personne ne m’embêtait à la forge. Du coup je suis devenu tourneur-fraiseur, et je me suis remis au dessin après l’âge de 18 ans. » Lui dont les impressionnantes installations, qu’il aime à nommer « constellations », n’ont vraiment rien à envier à celles des stars actuelles de l’art environnemental sur le marché de l’art contemporain, est l’auteur d’interventions marquantes. Citons par exemple celles qui ont offert cette sensation magique, aussi bien physique que spirituelle, de naviguer dans l’espace intergalactique à la galerie d’art Rudolfinum à Prague en 1995, à la Rocca Albornoziana à Spolète en Italie en 2006, au Carré Saint-Anne à Montpellier en 2011, ou encore dans la cour de l’hôtel Fleury au musée de Lodève en 2013.

Pensez-y à l’occasion d’un passage à Nantes, où son immense boule rouge rétroéclairée est exposée devant l’Institut des sciences de l’ingénieur en thermique-énergétique et matériaux ; à Champigny-sur-Marne, devant sa série de demi-sphères mates et brillantes sur le parvis du Centre départemental de documentation pédagogique, ou à Ivry-sur-Seine, face à ses ellipses en acier Inox pour l’esplanade de la Médiathèque : les planètes de Vladimír Škoda sont vraiment bien alignées.

Valibri en RoulotteArticle écrit par Valibri en Roulotte

 

Illustration : Vladimír Škoda et Valibri en Roulotte

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