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L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
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Moins de 35 ans ? Pensez à la Bourse Révélétions Emerige
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Janvier 2024 | Temps de lecture : 26 Min | 0 Commentaire(s)

A propos du 10e anniversaire du dispositif de soutien à la jeune création mis en place par le promoteur immobilier et mécène Emerige.

Cette année, la lauréate de la Bourse Révélations Emerige est une peintre du nom de Johanna Mirabel. J’aimerais vous dire que l’on comprend pourquoi au vu de sa troublante Living Room n°14, une huile sur toile de plus de 2 m de côtés, mais je ne peux pas. Non que cette œuvre d’art à vendre me laisse de marbre, au contraire. Dans des tonalités rappelant la sanguine, l’artiste mêle si bien figuration précise et abstraction, qu’elle donne à tout son travail des airs de Nabi à la Bonnard. J’adore. Mais les œuvres de Johanna Mirabel n’étaient pas seules à être visibles jusqu’au 5 novembre au 190 Rue Lecourbe à Paris, dans le cadre de l’exposition « Hit Again » de la Bourse Révélations Emerige 2023. A ses côtés nous étaient présentées celles des autres artistes ayant été nommés, à savoir Mathilde Albouy, Ismaël Bazri, Jules Bourbon, Emilie Caie, Juliet Casella, Morgane Ely, Frederik Exner, Na Liu, Hugo Ruyant, Moïse Togo et Thaïs Zakï Tembo. Et je me serais vraiment arraché les cheveux si j’avais été dans le jury ! Car les douze artistes sélectionnés n’ont en commun que d’avoir tous moins de 35 ans, une vraie puissance et beaucoup de talent, dans des domaines aussi différents que la peinture, la sculpture, la photographie, la vidéo, l’installation, le film expérimental… Ah oui, et aussi d’être Français, de vivre et travailler en France au moins au moment du dépôt de leur candidature, et de ne pas encore être représentés par une galerie d’art.

Johanna Mirabel, Living Room n°14, 2022 Huile sur toile 205 x 220 cm

Johanna Mirabel, Living Room n°14, 2022 Huile sur toile 205 x 220 cm

Alors certes, au final, c’est Johanna Mirabel qui remporte en 2023, à l’issue d’un processus de sélection ayant duré plusieurs mois, la dotation de 15 000 € pour la réalisation de son exposition personnelle à la galerie d’art partenaire cette année du tremplin destiné à soutenir la jeune scène française. Et la galerie d’art qui va désormais l’accompagner n’est ni plus ni moins celle de Nathalie Obadia : excusez du peu ! Mais comme le programme de la Bourse Révélations Emerige est particulièrement bien pensé pour être concrètement lié au marché de l’art contemporain, il profite réellement à chacun des douze artistes sélectionnés chaque année. Notamment grâce aux échanges percutants avec des galeristes et à l’exposition collective qui chaque année s’ouvre à Paris, puis voyage à l’Hôtel des Arts de Toulon, en partenariat avec la Villa Noailles, avant qu’une version plus réduite ne soit présentée à la foire Arco de Madrid. C’est d’ailleurs plutôt aux créatures hybrides de Frederik Exner que Laurent Quénéhen, critique d’art pour Artpress, a choisi de consacrer la rubrique « Introducing » du numéro de novembre du magazine d’art contemporain.

Frederik Exner, Diptykon I, 2022 Résine et aérographe 130 x 70 cm © David Stjernholm

Frederik Exner, Diptykon I, 2022 Résine et aérographe 130 x 70 cm © David Stjernholm

Bref, inutile de vous dire qu’après une telle immersion dans le milieu de l’art contemporain, même si c’est le lauréat ou la lauréate de la Bourse qui continue automatiquement à travailler avec la galerie d’art participante, laquelle désormais le ou la représente, les onze autres se font forcément bien repérer aussi, et ne cesseront sans doute plus de trouver preneurs pour leurs œuvres d’art à vendre. Tous les ans, des artistes de la sélection reçoivent des sollicitations d’autres galeries, de commissaires, d’institutions, de collectionneurs… Oui, de brillantes trajectoires se dessinent ici.

De quoi avoir quelques bonnes raisons d’être reconnaissants au jury de la bourse Révélations, composé de Laurent Dumas, président-fondateur d’Emerige, promoteur immobilier et mécène, de Paula Aisemberg, directrice des projets artistiques, de la galerie d’art invitée (donc Nathalie Obadia cette année) et de Gaël Charbeau, critique d’art et commissaire des expositions depuis que la bourse a été créée. C’est lui qui répond ce mois-ci aux questions d’Etienne Hatt, rédacteur en chef adjoint d’Artpress, à l’occasion des 10 ans de la Bourse Révélations Emerige. Et qui confirme que la spécificité de cette bourse tient bien à son association, chaque année, avec une galerie d’art d’envergure. Avec cette bourse, on est dans du concret. Du matériel. Les lauréats n’obtiennent pas seulement leur heure de gloire, mais aussi les moyens de vivre en vendant leurs œuvres d’art et en se faisant peu à peu une vraie cote sur le marché international de l’art contemporain.

« Pour accompagner cette jeune génération d’artistes de moins de 35 ans, il ne s’agissait pas de créer un énième prix, mais de proposer un dispositif qui soit directement lié au marché de l’art, qui puisse changer la donne pour ces artistes. Le début de carrière est un moment particulièrement compliqué pour eux. S’ils ne parviennent pas à vivre, au moins pour partie, de leur travail, on sait qu’ils risquent d’abandonner leur pratique faute de moyens matériels », explique Gaël Charbeau, également devenu cette année directeur artistique d’Un Ete au Havre. A la question des critères de sélection, il a forcément plus de mal à répondre très précisément, étant entendu que ceux-ci changent bien entendu chaque année au fil du dialogue entre les membres du jury face aux dossiers de candidatures qui sont plus de mille à leur parvenir. Que cela ne vous empêche surtout pas d’envoyer le vôtre pour l’année prochaine si vous répondez aux critères ! Mais si je peux vous donner un tuyau : la spécificité de la galerie d’art sélectionnée pour la 11e édition sera un élément déterminant.

« La galerie sait qu’un de ces artistes exposera dans ses murs, mais c’est un jury qui le choisira ultérieurement avec elle, après l’ouverture de l’exposition. Les critères de sélection, c’est-à-dire le jugement esthétique que nous portons, évolue en fonction de l’identité propre de ces galeries. Le regard n’est pas exactement le même lorsque nous travaillons avec la galerie d’art Georges-Philippe et Nathalie Vallois, GB Agency, Mor Charpentier ou Jérôme Poggi, pour n’en citer que quelques-unes. C’est un exercice passionnant de plonger ainsi dans le cerveau et le goût de ces galeristes. Je crois que nous sommes toujours attentifs à mettre en avant des artistes dont l’œuvre ne se résume pas à un slogan et ne s’épuise pas en un regard, tout le monde sera certainement d’accord sur ce point… Nous cherchons des artistes profondément engagés dans leur pratique et ce qui nous caractérise peut-être est la recherche d’une grande intensité. Des artistes qui savent pourquoi ils ajoutent des formes à un monde qui en contient déjà beaucoup. »

Valibri en RoulotteArticle écrit par Valibri en Roulotte

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