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L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
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Le dessinateur virtuose de l’époque
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Décembre 2023 | Temps de lecture : 24 Min | 1 Commentaire(s)

A propos de l’exposition « Jérôme Zonder. Joyeuse apocalypse ! » à voir au Casino Luxembourg-Forum d’art contemporain jusqu’au 7 janvier 2024.

L’avantage de Jérôme Zonder, c’est que si vous avez vu un jour l’une de ses expositions, vous vous souvenez forcément de lui. Ce n’est pas tous les jours qu’on rentre dans la tête de quelqu’un… Comme l’écrit Amélie Adamo, la journaliste du magazine d’art L’Oeil qui consacre un portrait au dessinateur dans le numéro d’octobre, « son univers foisonnant et immersif, qui prolifère dans l’espace réel en mode installation, est un uppercut pour la rétine ». Ainsi l’exposition Fatum de la Maison rouge – Fondation Antoine-de-Gabert à Paris en 2015 a-t-elle percuté suffisamment de prestigieuses rétines pour que Jérôme Zonder se taille une place de choix sur le marché de l’art contemporain : l’artiste est représenté par la Galerie d’art Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles, depuis 2016. La galeriste a même parlé d’un « choc » ressenti en découvrant ce « grand artiste doté d’une puissance créatrice et d’une exigence hors norme pour son âge ». Né en 1974, Jérôme Zonder a en fait su aller à contre-courant de la course à la performance technologique de la plupart des artistes contemporains. Sa main, un crayon et de la poudre noire de graphite lui suffisent pour créer des œuvres d’art à vendre, certes, mais surtout des œuvres d’art vivantes. Et une pensée en mouvement perpétuel.

Car le dessinateur a imaginé dès 2000 une trame narrative pour raconter la vie humaine autour de trois personnages fictifs, comme des allégories de notre époque : Garance, Pierre-François et Baptiste sont devenus les enfants du siècle. Des prénoms bien entendu choisis par Jérôme Zonder en référence au fameux film de Marcel Carné, Les Enfants du paradis. L’artiste fait ainsi vieillir les trois enfants au fil de ses œuvres d’art, en faisant graviter autour d’eux une multitude de motifs issus de documents d’archives aussi bien que d’images d’actualités ou d’emprunts aux univers du cinéma, de la bande dessinée, de la science-fiction… Une expérimentation formelle incroyable pour raconter l’histoire de l’aventure humaine, que l’artiste développe depuis ses débuts.

Diplômé de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2001, Jérôme Zonder développe donc depuis plus de vingt ans une œuvre virtuose centrée sur la pratique constamment réinventée du dessin. Les variations d'échelles de ses œuvres - réalisées essentiellement à la mine de plomb et au fusain - génèrent des jeux de circulations dans l'espace : le visiteur déambule spatialement et mentalement dans les arcanes d'un système polygraphique extrêmement vivant. Dans son travail les références à Albrecht Dürer, Robert Crumb, Rembrandt, Charles Burns, Otto Dix et Walt Disney voisinent pour composer des récits aux thématiques hétéroclites, parfois cruels : « La narration nous fait entrer dans le dessin, le corps seul nous retient à la surface. Dessiner pour moi, c'est sans cesse être entre distance et proximité, figuration et abstraction, attraction et répulsion », écrit l’artiste. La singularité de son approche narrative, historique et sociologique mêlée à sa grande maîtrise technique font de Jérôme Zonder l'un des dessinateurs les plus intéressants de sa génération. « Il est tout simplement le meilleur dessinateur de sa génération, et l’un des plus grands artistes du dessin tout court », n’hésite pas à affirmer Yannick Mercoyrol, directeur de la programmation culturelle du château de Chambord.

En plus de participer à de nombreuses expositions collectives parmi lesquelles Le Massacre des Innocents : Poussin, Picasso, Bacon au Musée Condé sous le commissariat de Laurent Le Bon et Pierre Rosenberg (2017, Chantilly, France), Guernica au Musée Picasso Paris (Paris, France, 2018), Quel amour !? au Musée d'Art Contemporain de Marseille (France, 2018) et au Musée Berardo (Lisbonne, Portugal, 2019), Déflagrations - Dessins d'enfants et violences de masse au MUCEM (Marseille, France, 2021), La Beauté du Diable au FRAC Franche-Comté (Besançon, France, 2022) et au MO.CO. à Montpellier (France, 2023), l'œuvre de Jérôme Zonder a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles aussi remarquées que Fatum. Telles que Au Village au Lieu unique (Nantes, France, 2014), The Dancing Room au Musée Tinguely (Bâle, Suisse, 2017), Devenir traces rassemblant plus de 130 oeuvres dans les espaces historiques au Château de Chambord (Chambord, France, 2018) et Jérôme Zonder, Portraits à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (France, 2019).

Depuis le 7 octobre et jusqu’au 7 janvier 2024, une magnifique exposition personnelle lui est consacrée au Forum d’art contemporain du Casino Luxembourg. Au Luxembourg, donc. Une sorte de « grande fête dionysiaque, délirante et démesurée où tout cohabite, lutte, dialogue. Et le fond et la forme, et la narration et la matière » comme la décrit la journaliste de L’Oeil. Vous l’aurez compris : l’occasion est belle d’aller en prendre plein la vue au Luxembourg. Et unique. Car, hormis la présentation d’un grand mur de dessins commencés il y a deux ans, l’exposition luxembourgeoise Joyeuse Apocalypse ! a été spécifiquement conçue et produite par l’artiste pour les espaces du premier étage du Casino Luxembourg. Séduit et inspiré par l’architecture de cet ancien lieu de fête, et la spécificité des salles d’exposition, Jérôme Zonder s’est en effet lancé dans la conception d’un parcours immersif à l’ironie mordante conçu comme une danse au mouvement circulaire. Composée d’illustrations sur papier, de dessins in situ et d’œuvres sculpturales, Joyeuse Apocalypse ! plonge le visiteur dans un environnement polygraphique en noir et blanc aux références multiples, où se côtoient culture populaire, images d’actualité, sujets politiques et sociologiques. Jeu de l’oie géant, anamorphoses, roue de hamster, beauté, laideur, bien, mal, vie, mort… « Tout le grand Zonder est là, déployé avec une puissance et une démesure radicalement hallucinantes », estime Amélie Amado. Dont on partage l’enthousiasme.

Pas de panique toutefois si on vous a alléchés et que vous ne pouvez pas aller découvrir Jérôme Zonder à Luxembourg d’ici janvier. C’est dommage, certes, mais ses œuvres d’art s’exposeront aussi l’année prochaine au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, à Paris, de juin à octobre.

Et puis les œuvres d’art de Jérôme Zonder figurent aussi dans de multiples collections internationales, parmi lesquelles celles du Istanbul Modern Museum, en Turquie, du Musée Jenisch Vevey, du Musée des beaux-arts du Locle et du Musée d'Art et d'Histoire de Neuchâtel, en Suisse, du Fonds Municipal d'Art Contemporain à Paris, des Abattoirs, Musée - FRAC Occitanie, à Toulouse, du FRAC Picardie, à Amiens, du FRAC Auvergne à Clermont-Ferrand, du Musée des Beaux-Arts, du Musée National de l'histoire de l'immigration, de la Collection Antoine de Galbert, de la Fondation Emerige, de la Collection Laurent Dumas et de la Collection Florence et Daniel Guerlain, à Paris.

Bon voyage !

Valibri en roulotteArticle écrit par Valibri en Roulotte

 

 

Illustration : Jérôme Zonder, Joyeuse Apocalypse !, vue de l'exposition. Casino Luxembourg – Forum d'art contemporain, 2023

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Greg / Private.area_artist
14/12/2023 (02h12)
Il est vraiment impressionnant.
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