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L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
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L’art de vivre de Bastien Cosson
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Octobre 2023 | Temps de lecture : 21 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de l’exposition « Autopromo » de Bastien Cosson, à voir jusqu’au 7 octobre au Café des glaces, à Tonnerre, dans l’Yonne.

« Il n’y a pas de style « Cosson », il y a une série de tentatives de Bastien à produire des cadres : pour se faire du bien, pour donner un sens à ce qui n’en a pas, pour faire exister ceux et celles qu’il aime dans des espaces d’exposition qu’il trouve trop souvent désincarnés », écrit Olga Rozenblum dans le numéro d’Artpress de cet été. La cofondatrice de Treize, à Paris, programmatrice, commissaire d’exposition, enseignante et actuellement chercheuse associée de l’école des beaux-arts de Marseille consacre un texte dans le prestigieux magazine de l’art contemporain à l’artiste peintre né en 1988 à Bayonne, diplômé des beaux-arts de Pau puis de Paris, qui n’a de cesse d’interroger le statut de l’artiste et la rencontre de l’œuvre avec son public. Jusqu’à avoir co-fondé « Palette Terre » avec Elsa Oliarj-Ines, réalisatrice de films documentaires, après avoir été représenté par la galerie bordelaise ACDC.  Lieu d’exposition, « Palette Terre » était tout simplement une pièce de leur appartement parisien, de 2014 à 2021.

« Comme d’autres artistes avant lui qui considèrent leur pratique au-delà d’une pratique d’atelier, Bastien Cosson a voulu ouvrir un lieu comme un espace mental qui lui permettrait d’élargir son champ de création », constate Olga Rozenblum. « Je me demande souvent pourquoi les lieux d’art sont froids, secs, etc (…) Quand on est arrivé dans un appartement où il y avait une pièce en plus, on s’est dit : qu’est-ce-qu’on peut faire, mettre un canapé et faire un salon ? Non, c’était beaucoup plus logique de faire un lieu d’exposition », se souvient Bastien Cosson, pour qui, comme l’explique la collaboratrice d’Artpress, « être artiste et être peintre sont des activités entremêlées mais distinctes : être artiste, c’est un rapport au monde ; être peindre, c’est peindre. »

« Autopromo » est le titre sans détour de l’exposition que Bastien Cosson présente au Café des glaces, lieu d’exposition à Tonnerre, dans l’Yonne, depuis le 8 juillet et jusqu’au 7 octobre. Ce projet est né dans le cadre du programme « Suite » initié par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec la Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques (ADAGP), qui s’est associé avec six lieux indépendants pilotés par des artistes ou de jeunes commissaires soucieux de renouveler les pratiques curatoriales. « Suite » souhaite ainsi donner une visibilité publique à une sélection de projets ayant bénéficié du soutien à un projet artistique ou du soutien à la photographie documentaire contemporaine du Cnap, en les accompagnant dans le cadre d’une exposition. Bastien Cosson a été soutenu par le Cnap en projet artistique en 2021, et « Autopromo » fait suite au projet préparatoire « BONUS MALUS BEBE PHALLUS ».

Quant au Café des glaces de Tonnerre, il est l’un de ces six lieux indépendants inscrits dans un réseau de diffusion culturelle sur le territoire national. Pour les artistes contemporains qui ont des œuvres d’art à vendre mais pas encore une cote galopante sur le marché de l’art contemporain, ces espaces d’expositions tournés vers l’émergence et l’expérimentation, en marge des galeries d’art officielles, sont des relais artistiques qui prennent en compte toutes les écritures et formes de la création actuelle, participant judicieusement à une lecture transversale et décloisonnée de l’art contemporain. Ils donnent une place importante à l’engagement de l’artiste dans son travail de création et apportent des réflexions novatrices sur la manière de montrer, et de penser, tant la réalité du travail de création que les œuvres d’art. 

« Les peintures de Bastien Cosson sont des images qu’il projette selon ce qui lui arrive dans la vie, et selon ce qu’il veut faire de la sienne », explique Olga Rozenblum. « Pour atteindre cet objectif, il utilise la toile, recouverte de peinture le plus souvent, mais aussi d’impressions, de collages, de tissus plus récemment. Il pourrait tout autant se servir d’un autre médium : c’est un choix manifeste et performatif qu’il a fait en décidant de produire exclusivement des tableaux. C’est pour ça que son œuvre est si hétérogène. » Le socle de cette exposition à Tonnerre : l’impression de plus de 900 images, comme pour vérifier que l’on peut s’attacher à elles. Entre peintures et photos, Bastien Cosson utilise sa vie comme source d’inspiration.

« Je vide mon iPhone de ses photos. Je rends visible les images qui m’accompagnent depuis des années. Savamment triées, je soumets régulièrement les photos que je prends à la nécessité de leur existence. Je fais de même avec mes peintures. On peut penser que je produis peu, mais c’est surtout que j’efface beaucoup, les photos comme les peintures. Délire égotique, j’imprime ma vie en 960 pages couleurs. Je rends visible ce qui n’intéresse pas grand monde. Je fais ça pour moi, Elsa, Cosma, quelques amis et, idéalement, pour la peinture. Délire érotique. J’affiche ma vie privée et je prends du plaisir à me mettre dans la peau d’un pudique exhibitionniste. Je mets mon atelier sur papier, je le prends sous le bras, je le cale dans mon tote-bag, je le range dans ma bibliothèque ou entre les mains de mes potes. Je fais disparaître cet espace qui m’encombre depuis trop longtemps », écrit Bastien Cosson.

Ses peintures ont été exposées au salon international d’art contemporain de Marseille, Art-o-Rama, au Chalet Society, la galerie d’art née à Paris de l’idée folle de Marc-Olivier Wahler, ancien directeur du Palais de Tokyo, à la galerie d’art Préface Gallery qui n’existe plus aujourd’hui à Paris, ou encore au FRAC Aquitaine à Bordeaux. Ironie du sort : c’est parce que Bastien Cosson croyait tout d’abord ne pas savoir assez bien dessiner pour en faire son métier qu’il va fonder différemment sa réflexion artistique, n’accordant finalement que peu d’importance au savoir-faire. « Au contraire, il se plait à s’entourer d’artisans dans la fabrication de ses pièces », expliquait en 2014 Le Bel Ordinaire, espace d’art contemporain où Bastien Cosson exposait alors à Billère, près de Pau. « Car les pièces importent peu, elles ne sont que des subterfuges pour créer de la discussion. » Sous entendu, vendre ses œuvres d’art importe finalement assez peu à l’artiste peintre. « Parler d’art, à toute heure, en tout lieu, c’est ce qui lui donne envie de se lever le matin. Ses amis disent de lui qu’il est le seul d’entre eux à véritablement aimer l’art. Aimer l’art serait la meilleure façon qu’aurait trouvé Bastien Cosson d’en faire ; ou plutôt de faire l’artiste, car c’est dans cette posture qu’il se plaît à travailler, à discuter et à penser. »

Illustration : Femme se tenant derrière son écran de téléphone © Bastin Cosson

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