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La « vente aux enchères du siècle » annoncée pour novembre
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Décembre 2022 | Temps de lecture : 28 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de la vente chez Christie’s à New York de la collection du cofondateur de Microsoft, Paul Allen, estimée à plus d’un milliard de dollars.

Il paraît loin le temps où la plus importante collection française d’art, celle de Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent, avait été qualifiée de « vente du siècle ». Ca se passait chez Christie’s en 2009 (et non pas en 2006 comme l’indique Beaux Arts Magazine dans son numéro d’octobre 2022). Les œuvres d’art à vendre avaient atteint les 373,5 millions d’euros. Une sculpture du roumain Constantin Brancusi avait été vendue 29,1 millions d’euros (frais inclus), un flacon de parfum dans sa boîte en carton détourné par Marcel Duchamp était parti à 8,9 millions d’euros (toujours frais inclus), tandis que le tableau de Paul Klee, Gartenfigur avait été acheté 3,9 millions d’euros, celui de James Ensor, Le désespoir de Pierrot, 5 millions d’euros, et que la Composition avec bleu, rouge, jaune et noir, de Piet Mondrian ainsi que le tableau de Matisse intitulé Les coucous, tapis bleu et rose avaient atteint des records, avec respectivement les chiffres de 21,5 et 35,9 millions d’euros. Seul un tableau de Picasso, Instruments de musique sur un guéridon, n’avait pas suffisamment affolé les enchères pour trouver preneur… alors qu’il avait été estimé comme étant la pièce la plus chère parmi les 730 mises en vente. Comme quoi, même sur le marché de l’art, on peut encore se laisser surprendre par les goûts plus que par les prix.

Depuis cet événement, la société de vente aux enchères internationale, dont le siège est à Londres, a largement battu le record avec la mythique collection Rockefeller en 2018. Surnommée à nouveau « la vente aux enchères du siècle », la dispersion au siège de New York, opportunément sis au Rockefeller Center, de tableaux signés Picasso, Matisse, Monet, Signac… acquis par David et Peggy Rockefeller, mais aussi déjà par le père du milliardaire mort à 101 ans, le philanthrope américain John D. Rockefeller Jr, avait totalisé 832,5 millions de dollars en 2018. Un chiffre encore battu en 2021, mais cette fois sous le marteau de Sotheby’s, l’autre leader mondial de la vente aux enchères d’art, à New York et en deux fois, lorsque le magnat américain Harry Macklove a dû se séparer après son divorce de sa formidable collection d’art moderne et contemporain. Les tableaux emblématiques signés Rothko, Giacometti ou Cy Twombly ont été dispersés dans le monde entier, vendus pour un total de 922 millions de dollars.

On l’aura compris : le milliard de dollars pour une collection prestigieuse d’œuvres d’art à vendre n’est pas loin. Et les pronostics vont bon train quant à la vente aux enchères, annoncée pour le mois de novembre par Christie’s, de la collection américaine de Paul Allen, le cofondateur avec Bill Gates de Microsoft en 1975, ayant succombé à un cancer du système lymphatique en 2018. L’homme d’affaires, informaticien et chef d’entreprise, passionné de volcans, en plus d’être le fameux multimilliardaire s’étant fait construire un vaisseau spatial privé, était également un collectionneur d’art éclairé. Il n’avait que 65 ans quand il est mort, mais on lui connaissait déjà notamment l’achat, à la famille du galeriste et marchand d’art allemand Heinz Berggruen, d’une version des Poseuses, de Seurat. Laquelle version serait considérée comme plus importante que le tableau qui est en possession de la fondation Barnes de Philadelphie. On peut donc déjà supposer l’importance de sa valeur marchande…

Les quelque cent cinquante œuvres d’art à vendre provenant de la succession de Paul Allen n’ont pas encore été toutes dévoilées par la société internationale de vente aux enchères. On sait par contre qu’elles seront vendues au profit de causes philanthropiques chères à celui qui a distribué 2,65 millions de dollars tout au long de sa vie, notamment dans le domaine des biosciences, de la défense des océans en particulier et de l’environnement en général… Et que cette vente pourrait bien devenir la plus importante de l’histoire des enchères, puisqu’elle est estimée… à un milliard de dollars.

On imagine à quel point Christie’s a dû rivaliser d’ingéniosité pour l’emporter sur Sotheby’s dans cette affaire. C’est donc la maison de François Pinault qui a décroché l’adjudication de cette collection exceptionnelle, et très médiatique, ce qui ne gâche rien, face à celle de Patrick Drahi. 150 chefs-d’œuvre couvrant 500 ans d’histoire de l’art, du XVIIe au XXIe siècle, excusez du peu ! On attend essentiellement des tableaux de maître, comme des Botticelli, Canaletto ou Brueghel le Jeune, et beaucoup de peintures impressionnistes, modernes et d’après-guerre, « à l’instar d’un tableau de Paul Cézanne représentant son sujet phare, la montagne Sainte-Victoire près d’Aix-en-Provence, estimé plus de 100 millions de dollars », précise la journaliste Armelle Malvoisin dans son article pour Beaux Arts Magazine. « Autre temps fort, une toile de 1960 du peintre américain expressionniste abstrait Jasper Johns est attendue à plus de 50 millions de dollars. »

Même si ce sont les deux seuls lots que Christie’s a dévoilés fin août, on peut également citer Gauguin, Seurat, Turner, Klimt, Monet, Manet, Renoir, mais aussi Edward Hopper, Georgia O’Keeffe, Roy Lichtenstein, David Hockney… De quoi avoir l’eau à la bouche ! Car Paul Allen, certes amateur d’art passionné lui-même, n’avait tout de même pas utilisé son immense fortune pour rassembler des œuvres d’art aussi exceptionnelles à son seul profit. Il les avait très régulièrement prêtées à des musées du monde entier depuis la fin des années 1990, afin qu’elles soient vues par le plus grand nombre. D’où cette estimation possible des artistes dont l’œuvre lui plaisait suffisamment pour faire partie de sa collection personnelle.

Selon Christie’s, nous rapporte la journaliste de Beaux Arts Magazine, « la personnalité visionnaire de Paul Allen, la qualité et la diversité extraordinaires des œuvres de sa collection et l’affectation des sommes qui seront réunies à des œuvres philanthropiques font de cette vente un événement sans précédent ». Effectivement, comme le conclut Armelle Malvoisin, le combo est gagnant. Acheter une œuvre d’art aux enchères plutôt qu’en galerie d’art donne déjà l’excitation du suspens, qui monte jusqu’au dernier coup de marteau. Mais l’investissement artistique est également souvent rentable, que ce soit en terme de fiscalité ou de fluctuation positive du marché de l’art. Même si tous les experts recommanderont officiellement l’achat plaisir avant tout, l’art servant à satisfaire les besoins émotionnels de tout être humain, il n’en reste pas moins que l’achat artistique est aussi un placement financier. Surtout lorsqu’on parle des noms évoqués plus haut. Alors si en plus ils font une bonne action… les amateurs fortunés ne vont vraiment avoir ici aucune raison de se priver !

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