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David Hockney : naturellement contemporain
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Juin 2022 | Temps de lecture : 20 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de l’exposition « David Hockney : INSIGHTS Reflecting the Tate Collection » visible à Vienne jusqu’au 19 juin.

Parler d’une exposition pour donner envie d’aller en voir une autre, il fallait oser, mais ça marche ! En publiant en français et en anglais son article paru en néerlandais en novembre dernier dans la revue Hart, le magazine d’art contemporain Art Press a confié le soin à l’excellent Jeroen Laureyns, critique d’art, professeur et chercheur en art contemporain, de nous raconter David Hockney dans son numéro d’avril à partir de la grande et double exposition qui s’est tenue au Bozar Bruxelles jusqu’au 23 janvier. Histoire de nous mettre suffisamment l’eau à la bouche pour désirer foncer à Vienne avant le 19 juin, où le Kunstforum propose « David Hockney : INSIGHTS Reflecting the Tate Collection ».

Et de désir il est beaucoup question dans l’œuvre du peintre britannique né en 1937 à Bradford, figure majeure du Pop Art dans les années 60, désormais installé en Normandie, et auquel le musée de l’Orangerie a récemment consacré une exposition à Paris présentant ses images réalisées à l’iPad sur le cycle des saisons. Un désir de retour à la nature, mais aussi un désir érotique qu’il parvient, en représentant le corps des hommes, à susciter même chez un spectateur hétérosexuel comme Jeroen Laureyns, lequel ne se lasse pas de s’en émerveiller. Alors qu’il le confie dès le début de son article : longtemps le travail de David Hockney lui a paru superficiel et puéril. Reproductions, documentaires et engouement pour son livre paru en 2001, « The Secret Knowledge », le laissaient profondément sceptique.

 

Domestic Scene, Los Angeles - David Hockney

Domestic Scene, Los Angeles - David Hockney

Jusqu’à ce que le brouillard se lève pour lui à la vue du célèbre tableau « Domestic Scene, Los Angeles », que David Hockney a peint en 1963 et que Jeroen Laureyns découvre de visu en 2017 à la Tate Britain. « En voyant de mes propres yeux la toile non préparée sur laquelle Hockney avait peint ses deux personnages, dans la tradition de Francis Bacon, je compris enfin l’importance de cet artiste. » Car de façon magistrale et limpide, ce pionnier avait osé clamer ouvertement son amour pour le corps masculin à une époque où l’homosexualité étaient prohibée et socialement proscrite, où les descentes policières entrainaient poursuites et condamnations en Grande-Bretagne. Et Jeroen Laureyns de regretter d’ailleurs que l’importance historique de ce geste n’ait pas été particulièrement soulignée au Bozar Bruxelles. Même si l’exposition composée d’œuvres issues de la collection permanente de la Tate Britain abordait bien entendu largement « les sommets homoérotiques de l’artiste et sa propension à représenter ouvertement l’homosexualité dans ses peintures et gravures », point de fontaines giclant sur les vertes pelouses ni de garçons dormant les fesses à l’air.

Mr. et Mrs. Clark and Percy - David Hockney

Mr. et Mrs. Clark and Percy - David Hockney

My Parents - David Hockney

My Parents - David Hockney

Le peintre qui explore depuis plus de 60 ans les médias de la peinture, du dessin et du graphisme ne peut décidément pas se résumer à ses fameuses « piscines ». Quand on les regarde droit dans les yeux, la lumière et la psychologie énigmatique qui émanent de tableaux comme « Mr. et Mrs. Clark and Percy » ou « My Parents », visibles aujourd’hui dans la première rétrospective complète que l’Autriche consacre au peintre britannique, ne peuvent définitivement pas laisser indifférent. Oui, les œuvres de David Hockney sont troublantes. Donc pas superficielles. Toujours à la lisière de la figuration et de l’abstraction, l’artiste ne s’est laissé enfermer dans aucun style. Ne s’est jamais limité. Même s’il est souvent qualifié d’hédoniste, figuratif ou expressionniste, voire lyrique, parce qu’il faut bien essayer de décrire les choses. Et si d’aucuns ont pu un temps moquer son retour au paysagisme, trouver démodé, voire naïf, son regard affectueux sur la beauté de la nature, c’était sans compter sur la puissance de ce vent nouveau qui souffle sur la peinture face aux défis du changement climatique, porté par toute une nouvelle génération de peintres comme Ben Sledsens, Bram Demunter, Koyuki Kazahaya, Jan De Cock ou Brecht Koelman. En peinture au moins, la nature reprend ses droits.

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