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Un musée Tal Coat dans le Morbihan ?
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Avril 2022 | Temps de lecture : 17 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de l’interview d’Olivier Delavallade ayant quitté le Domaine de Kerghéhennec en novembre dernier.

La plus importante collection publique des œuvres de Pierre Tal Coat (1905-1985) est visible depuis 2019 dans le Morbihan, au Domaine de Kerghéhennec. On le sait malheureusement encore trop peu, selon Jean-Marc Huitorel, critique d’art, et Olivier Delavallade, directeur du lieu de 2011 à 2021. Aussi le premier interviewe-t-il le second ce mois-ci pour le magazine des artistes contemporains Art Press. Histoire de rappeler au passage aux élus et aux responsables administratifs du département du Morbihan qu’il leur revient désormais de veiller à ce que le fonds Tal Coat soit entouré de manière cohérente par les autres espaces d’exposition du Domaine afin d’œuvrer à sa notoriété. Car si ce peintre majeur du XXe siècle en manque encore, preuve en étant faite par l’étonnement et l’intérêt manifestés par les jeunes artistes contemporains accueillis en résidence à Kerghéhennec, c’est sûrement, du point de vue de Jean-Marc Huitorel, parce qu’il a trop peu été confronté à ses homologues. Une lacune qu’Olivier Delavallade avait commencé à combler au Domaine en faisant dialoguer le fonds Tal Coat avec un maximum d’autres artistes.

Le catalogue raisonné mis en ligne par le petit-fils du peintre, visible en accès libre sur le site officiel de Pierre Tal Coat hébergé par WebMuseo, pointe d’ailleurs à merveille « les résonnances de ses peintures avec ses amis Balthus, Bazaine, Braque, Calder, Chillida, Giacometti, Gruber, Kijno, Masson, Miro, Joan Mitchell, Staël ou Zao Wou-Ki… mais aussi ses liens complices avec les écrivains André du Bouchet, Georges Duthuit, Philippe Jaccottet, Henri Maldinev ou Wallace Stevens ». De quoi donner quelques perspectives aux décideurs du Morbihan. Auxquelles Jean-Marc Huitorel n’hésite pas à ajouter Dubuffet, Soulages ou Fontana, en plus des générations suivantes d’artistes jusqu’à aujourd’hui.

Le paradoxe ici n’est pas banal : c’est la destruction d’une grande quantité des œuvres les plus récentes de Tal Coat dans l’incendie qui ravagea en 2006 (et non en 2012 comme l’indique l’introduction de J.-M. H.) son atelier de Dormont, dans l’Eure… qui permit finalement d’en rassembler plus de 1 100 en un seul lieu ! La catastrophe donna en effet naissance au projet mené par Olivier Delavallade, avec la complicité de Pierrette Demolon Tal Coat, la fille du peintre, permettant d’offrir pour la première fois une vue d’ensemble du travail de l’artiste contemporain, trop souvent résumé de façon simpliste par un passage du figuratif à l’abstraction. Les dessins, peintures, aquarelles… en plus de quelques sculptures réunies ici prouvent qu’il s’agit peut-être bien du contraire.

Une importante donation de Françoise Simecek, la dernière compagne du peintre, a permis de constituer le fonds initial de l’espace Tal Coat en Bretagne, qui fut complété par de nombreux achats d’œuvres d’art à des prix très raisonnables à l’époque.

Le jeune Pierre Jacob, né dans une famille de marins pêcheurs à Cloas-Carnoët, près de Pont-Aven, avait choisi son pseudonyme, signifiant « front de bois », à l’époque où il peignait à la Manufacture de Sèvres. Il devenait artiste et ne voulait pas être confondu avec le poète Max Jacob. Le jeune homme sortait en effet de la faïencerie Henriot de Quimper où il était entré comme mouleur et céramiste à 21 ans, après s’être successivement essayé aux métiers de forgeron et de clerc de notaire à la mort de son père. Devenu peintre, graveur et illustrateur, sculpteur à de rares occasions, Pierre Tal Coat s’était installé dans la campagne d’Aix-en-Provence dans les années 1940. Avant de remonter en Normandie nicher en 1961 son atelier dans la chartreuse de Dormont, à Saint-Pierre-de-Bailleul. Là où une grande partie de ses œuvres qui y étaient restées après sa mort ont brûlé.

Quand Olivier Delavallade découvrit sa peinture à la galerie d’art Clivages, à Paris, il était encore étudiant. « Ce fut un très grand choc », se souvient-il. L’occasion lui fut donnée de travailler justement dans cette galerie d’art, et donc approfondir sa connaissance de l’œuvre de Tal Coat, qui lui semblait terriblement incomprise. La mise en œuvre du projet de Kerghéhennec était la meilleure façon de remédier au problème. Et si l’espace pouvait maintenant être labellisé musée de France, ça serait l’apothéose.

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