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L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
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François RIVIÈRE
ARTISTE EMERGENT(E)
Artiste Photographe
François RIVIÈRE

« L’affiche déchirée » est une exposition photographique de François Rivière, membre fondateur de l’agence photographique « AGENCE SOLARIS » en 2013, qui présente 28 tirages d'exposition couleur (HR) au format 60 X 90 cm, collés sur aluminium d’1 mm Les prises de vues couvrent une période allant de 1991 à 2013, et ont été faites principalement en France (Toulouse, Paris, Bayonne), mais aussi en Italie (Milan), en Ex-Yougoslavie (1995- Split en Croatie) et en Allemagne (Berlin). Certaines de ces images sont accompagnées de « hors champs » ayant pour fonction de restituer les décors urbains dans lesquels elles ont vu le jour.

L’authenticité de chacune des photographies originales est garantie par la triple certification ARTtrust, et elles sont numérotées de « N°1 sur 25 » à « N°25 sur 25 ». Le prix unitaire de ces images est de 500 Euros TTC. Ce projet, texte et image, fut présélectionné en 1999 pour le concours d’entrée de l’académie de Rome (Villa Médicis, Délégation aux Arts Plastiques du Ministère de la Culture et de la Communication), section photographie. La première exposition s’est déroulée à la librairie Toulousaine « Ombres Blanches » du 6 mars au 7 avril 2000 dans le cadre du « Forum de l’Image » de Toulouse. Une exposition du projet total « L’affiche déchirée » (photographies, texte, musiques et projection de diapositives) s’est tenue au Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne du 2 au 31 mai 2011. La photographie « Hemen » portant le N°1 sur 25 a été acquise par la direction du musée, alors que celle portant le N°2 sur 25 a été offerte au mécène privé qui avait financé cette manifestation.

François Rivière

25 rue Victor Hugo

64100 Bayonne

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Démarche artistique

« L’affiche déchirée »

« En 1969, tous les journaux ont publié la photographie prise de
la nacelle spatiale en voyage pour la Lune; c’était la première
photographie du monde. (…)
Ce n’était pas seulement l’image du monde mais l’image qui
contenait toutes les images du monde : graffitis, fresques,
peintures, estampes, ouvrages, photographies, livres, films (1) ».
Mes images racontent une histoire, celle de toutes les images
qu’elles contiennent, de la plus intime à la plus commerciale,
Bien plus qu’elles ne nous montrent telle ou telle autre réalité
du monde. Or la nécessité de trouver son chemin dans la
surabondance de représentations et de messages, est
précisément le fondement de la photographie telle que je la
pratique. C'est pourquoi j’ai pris le parti de m’orienter vers la
recherche et la capture d’une « image de synthèse », servant à
inventer, à ressentir, à raconter, et dont la lecture serait pour tout
un chacun, personnelle, unique, et précieuse.

En photographiant des affiches, je ne fais, en somme, que
reproduire une image par une autre. Cependant, en choisissant
de photographier celles qui sont lacérées, partiellement détruites
ou rendues illisibles par leur concentration dans un espace réduit,
j’en redéfinis les contenus, j’en modifie le sens et je propose une
autre lecture de ces compositions, prises comme traces urbaines.
En allant à la rencontre de ces compilations d’affiches qui mettent
de la couleur partout où elles se posent, je restitue en quelque
sorte la pigmentation événementielle de la cité. De cette
application à parcourir les villes à pied, à les arpenter, à en
prendre toute la mesure, allant parfois jusqu’à m’y égarer afin
d’en appréhender tous les messages, est né un contact plus
intime avec une réalité cachée.

Ces affiches déchirées nous parlent parce qu’elles utilisent un
code qui correspond, quoiqu’à peine décalé, à l’un de nos codes
intimes. Elles nous touchent, car elles représentent une
accumulation d’univers visuels qui pavent la voie de nos désirs.
Elles canalisent nos rêves en nous en offrant une représentation
figée. Toutes nos émotions peuvent ici trouver un écho dans
l’insinuante pénétration des messages qu’elles véhiculent. Et cette
imprégnation clandestine fonctionne d’autant mieux que ces
messages sont en accord avec la structure profonde et
inconsciente de notre imaginaire moderne. Nous ne sommes alors
pas plus maîtres de notre jugement que de nos émotions.
Sorties de leurs contextes, proposées avec une autre mise en
scène et une nouvelle maquette, ces affiches basculent vers une
nouvelle fonction qui deviendra plus picturale et poétique.

A l’origine publicitaires, culturelles ou politiques, ces grandes
affiches sont en lien direct avec l’actualité, et portent en elles
l’éphémère de l’événement qu’elles annoncent. Elles représentent
un maillon de notre histoire contemporaine et restent en
définitive la mémoire vive d’une époque déterminée. Mais leur
mixage aléatoire, sans représenter une juste synthèse de l’activité
humaine, peut cependant prétendre constituer une tentative
d’écriture contenant une nouvelle vision du monde. Le choix du
cadrage au moment de la prise de vue fixe les limites du discours
et des symboles intrinsèques à l’image.
Il participe de l’homogénéisation générale ainsi que des
oppositions et déséquilibres internes particuliers à chaque cliché.
C’est dans ce rapport conflictuel des tensions contenues dans
l’image qu’une construction sémantique trouve sa place. De cette
quête incertaine découle ma recherche en temps réel de
« l’accident pertinent ». Il m’appartient de le débusquer là où il sera le plus abouti. Ces
affiches déchirées donnent à voir et à cacher, à comprendre et à
imaginer. Mais l’interprétation de ce que contient l’image restera
singulière à chacun d’entre nous.

Ces panneaux d’affiches lacérées renferment un tableau inachevé,
une oeuvre imprévue, fugace et en devenir. Chaque détérioration
ou nouvelle couche pouvant le modifier, il s’agit alors de cerner
un sujet ayant un corps qui se rassemble dans le démembrement
et le désordre. C’est en s’appuyant sur l’inventivité du hasard,
que la déchirure crée une certaine unité dans un conglomérat
d’affiches. Garder un enregistrement durable de leur existence
fugace revient à lutter contre le facteur temps, inéluctable
destructeur de ses propres créations. En appelant les appareils
photographiques des « horloges à voir (2) », Roland Barthes
déterminait leur mission essentielle : arrêter l'action du temps.
Il s'agit de donner une permanence au temps présent pour en
conserver de façon inaltérable ce qui jusqu’alors faisait partie du
fugitif, du transitoire. Cette faculté momentanée de suspendre le
temps participe à nourrir chez nous ce sentiment de nostalgie de
ce qui fut et ne sera plus.

En critique d'art averti, Charles Baudelaire écrivait sur ce qu’il
nommait la peinture des moeurs modernes : « Le plaisir que nous
retirons de la représentation du présent tient non seulement à la
beauté dont il peut être revêtu, mais aussi à sa qualité essentielle
de présent (3) ». 0r ces affiches déchirées sont une métaphore du
temps qui passe. Par recouvrement, stratification, elles sont
comparables aux couches géologiques de la terre.
Elles deviennent la structure même de la lisibilité du temps.
Mes photographies en proposent une traduction et à travers elles,
c'est une prise de parole que les murs opèrent.

C’est pour rendre compte de ce voyage dans l’épaisseur des
choses que la matière de l’affiche prend un relief si primordial
dans chacune de mes images. Sans ces superpositions, ces
accumulations de papiers, de textures et de tonalités diverses,
il ne saurait exister une lecture cachée, un sens à découvrir
derrière ces panneaux d'affiches détériorées. Une affiche peut en
rencontrer une autre de façon fortuite lorsque celle-ci se situe
volontairement hors-cadre, en marge des emplacements qui lui
sont dévolus, lorsqu’elle retourne à l’état sauvage, hors du circuit
autorisé. Une fois réunies, elles peuvent alors se mélanger,
se chevaucher, se recouvrir partiellement. Alors seulement leur
nouvelle fonction narrative deviendra perceptible, probante et
partageable. D’ailleurs, c’est en écoutant le murmure de ces murs
raturés, en observant ces panneaux de brouillons froissés,
amalgamés, qu’il me semble y lire des scénarios inachevés,
des rendez-vous secrets, d’y construire des rêveries de flâneur,
d’y déceler des associations d’idées insolites.

Dans un aspect plus brut mais cependant avec un rendu assez
proche des photomontages ou de certains collages, des morceaux
d’images se trouvent ainsi soudés à d’autres. Créant des
anachronismes, déformant la réalité, elles flirtent avec la
caricature par la mise en présence d’échelles, d’intentions,
de valeurs différentes. C’est alors à un jeu de cadavre exquis
(prisé par les surréalistes et les situationnistes), que ces affiches
déchirées nous invitent. En s’insinuant dans notre imaginaire,
elles inventent une trame narrative faisant écho à leurs
rencontres aléatoires. Dans ce kaléidoscope d’informations
privées de classement thématique, se construisent des passerelles
nous permettant d'imaginer une fable ou un récit. Chacune de ces
photographies est une proposition de canevas pour le scénario
d'une histoire qui reste à inventer. Lorsqu’il s’agit d’un morceau
d’affiche isolé, la redondance du texte sur l’image et la lourdeur
des arguments mercantiles écrits ont disparu ou restent illisibles.
Cette sensation de vide (dans un espace habituellement fermé et
saturé), est renforcée justement par cette absence de cadre pour
l’affiche. Le mur sur lequel elle est collée décide de ses nouvelles
dimensions. Elle devient une pure figure de style, une sorte
d’idéogramme occidental.
Dans cette frénésie urbaine de l’activité humaine,
une composition d’affiches déchirées pourrait être assimilée
à de la poésie en prose.

A l’identique, elle utilise des mots du quotidien mais c'est dans
leur agencement et mise en phrase que l'image poétique
se révèle dans toute l'expression de sa beauté.
A l’opposé, la poésie en vers représenterait l’affiche de collection
mise sous verre et tout à fait étrangère aux aléas des palissades
de chantiers. Au milieu de cette débauche de moyens
publicitaires, d’une surproduction dont l’affichage sauvage ne
représente que le surplus, je traque celles qui, une fois réunies
révèlent une véritable unité formelle. C’est une chasse au trésor
parsemée de signes et de présages dont la juste interprétation
peut me permettre d’atteindre les lieux secrets de leurs résidences.

François Rivière – Bayonne 2019 –

(1) : LUIGI GHIRRI – KODACHROME –
ÉDITION CONTRE-JOUR 1978.
(2) : ROLAND BARTHES - LA CHAMBRE CLAIRE –
ÉDITION GALLIMARD 1980.
(3) : CHARLES BAUDELAIRE - LE PEINTRE DE LA VIE MODERNE -

L'artiste n'a pas encore renseigné son parcours.

Le travail artistique de François RIVIÈRE

Œuvres nouvellement ajoutées

Affiche déchirée