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Anselm Kiefer, artiste contemporain d'après-guerre

 

L'artiste sculpteur aborde la matière avec un regard qui lui est propre. Mélangeant les textures, passant de l'organique au métallique, Kiefer semble en quête perpétuelle d'une réalité tangible qui lui échappe. Quelle association de matières porte au mieux son message ? Quelle émotion peut-il faire passer via le plomb ? Comment créer un volume inédit pour transmettre un pan d'histoire ? Il consacra sa vie à la recherche de réponses pertinentes à ces questions.

 

Allemagne, 1945

 

Le sculpteur commence sa vie, le 8 mars 1945, dans la commune de Donaueschingen. Bien qu'ayant ses racines en Allemagne, le jeune Anselm gravite entre trois cultures. Il grandit aux portes de la Forêt Noire, non loin du lac de Constance. Un environnement qui éveilla, à n'en point douter, une grande sensibilité, grâce à une proximité constante avec la nature. Kiefer côtoie également les paysages naturels de Suisse, ainsi que la France. Cette dernière laisse une empreinte au fond de son cœur que rien ne saura ternir, ni ses proches, ni les années qui défilent. De sa prime jeunesse, peu d'informations circulent, excepté son lien de parenté direct avec un membre de la Wehrmacht, en la personne de son père. Un point historique lourd à porter en grandissant, mais que l'artiste n'a jamais renié.

 

Le parcours d'études de Kiefer

 

L'art ne constitue pas forcément à ses yeux un projet de vie en tant que tel. Ce fait perdure durant les jeunes années d'Anselm Kiefer. Avant de devenir le sculpteur émérite que l'on connaît, il se destinait à des études de droit. Vient ensuite une période durant laquelle Kiefer remet tout en cause. Il s'oriente alors vers un parcours plus artistique, en se lançant dans des études de littérature et de linguistique. Ce n'est qu'en 1966 que l'art devient pleinement sa priorité. Peut-être avait-il atteint, à cet âge, une certaine maturité artistique qui ne demandait qu'à s'exprimer. Il intègre à ce titre l'académie des Beaux-Arts de Düsseldorf.

 

Création sur fond de scandale

 

Certains artistes entrent dans le monde de la sculpture, et de l'art en général, plutôt discrètement, mais ce n'est pas le cas d'Anselm Kiefer. Ce dernier entame sa carrière en 1969 par un projet suscitant de vives réactions d'indignations. Ce projet photographique le met en scène, évoluant dans différents lieux publics de capitales européennes. Sur ces clichés, il fait le salut Nazi. L'affaire fait beaucoup de bruit, mais ne dure pas. En quelques semaines, ce dérapage est enterré.

 

Citations d'Anselm Kiefer

 

Lorsqu'il parle de son processus de création, l'artiste sculpteur l'évoque en ces termes :

 

L'Histoire pour moi est un matériau comme le paysage ou la couleur

 

La vie est une illusion. Je suis tenu ensemble dans le néant par l’art.

 

De la peinture à la sculpture

 

En 1970, la peinture est très nettement majoritairement dans les créations d'Anselm Kiefer. Son maître de l'époque, durant deux précieuses années, n'est autre que Joseph Beuys. Le pinceau devient son arme, la toile son support privilégié et la peinture l'encre avec laquelle il crie ses ressentis et sa vision de la vie. Pour autant, le travail de la matière n'est jamais loin. Il n'est pas rare de trouver des reliefs sur ses tableaux de l'époque. Des reliefs créés à l'aide de :

  • feuilles de plomb,
  • sable,
  • cendres,
  • terre,
  • cheveux,
  • matériaux issus de ruines...

 

Anselm Kiefer, une longue vie en France

 

Loin de renier ses origines, Anselm Kiefer s'installe malgré tout en France, en 1993. C'est dans le Gard que l'artiste sculpteur développe son art. Fraîchement installé dans une friche industrielle, il crée un atelier d'art de renomé. Ce site unique de 35 hectares se voit baptisé. Il porte dès lors le nom de "La Ribaute". Pendant seize longues années, Anselm Kiefer y développe de nombreux projets artistiques, avant de déménager son atelier, en 2009, en Seine-et-Marne. Ce tout nouvel entrepôt logistique affiche des dimensions démesurées. 35 000 m² servent ainsi à stocker des sculptures monumentales.

 

Un travail acharné, en vue d'une parfaite maîtrise de la couleur

 

La matière est le premier outil du sculpteur. Toutefois, pour délivrer son message, il s'appuie également sur un méticuleux travail au niveau des couleurs.

 

"Plus vous restez devant mes tableaux, plus vous découvrez les couleurs. Au premier coup d'œil, on a l'impression que mes tableaux sont gris, mais en faisant plus attention, on remarque que je travaille avec la matière qui apporte la couleur" Anselm Kiefer.

 

Ses œuvres, qu'elles soient peintes ou faites de volumes, ont toutes le même but : dépeindre, à sa manière, les catastrophes inhérentes à la guerre. Kiefer se concentre majoritairement sur la Shoah. Au fond, l'artiste souhaite transcender l'histoire de son pays. N'ayant nulle velléité d'oubli, il tente plutôt de créer quelque chose de nouveau, d'évolué, prouvant ainsi que le "beau" peut naître de "l'obscurité".

 

Au-delà de la Seconde Guerre Mondiale

 

Anselm Kiefer réalise un travail important sur le sujet de la Seconde Guerre Mondiale. Ce que l'on sait beaucoup moins, c'est qu'il explore également d'autres sujets, radicalement différents :

  • le cosmos,
  • la religion,
  • les mythes antiques.

À ce stade, ses œuvres intègrent un très large panel de matériaux :

  • des matières végétales,
  • de la peinture acrylique,
  • du vernis,
  • un peu de paille,
  • de la salive,
  • de la craie,
  • des rebuts

 

Une évolution tardive

 

Durant la plus grande partie de sa vie d'artiste sculpteur, Anselm Kiefer a suivi une même ligne directrice. L'héritage historique avec lequel il se débat pèse lourd et n'est expié qu'après de longues années. Désormais, ses tableaux, aux dimensions toujours aussi gigantesques, sont uniques, denses et souvent comparées à des créations expressionnistes. Le nom de Pollock revient régulièrement entre les lèvres des critiques soucieux de décortiquer avec pertinence les peintures de Kiefer. Actuellement, le sculpteur vit toujours en France, dans le sud. Il travaille et se consacre à de nouveaux projets, cherchant toujours à synthétiser des sujets complexes tels que la croyance religieuse, la nature, la réalité, la culture ou encore notre histoire commune.