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Des myriades de Myriam Haddad ?
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Janvier 2022 | Temps de lecture : 12 Min | 0 Commentaire(s)

À propos de l'Exposition « Là-bas sur le ciel d'orage » Frac Auvergne Clermont-Ferrand - jusqu'au 31 décembre


Voilà une artiste dont nous pouvons tous être les unes jalouses et les autres envieux. Myriam Haddad apparaît comme l'une des plus récentes météorites de l'art. Son ascension fulgurante vers la reconnaissance et la gloire internationale tient du conte de fées. Elle est, ce mois-ci, dans les petits papiers du magazine L'Œil sous un titre sur ce point éloquent : « Haddad, évidemment ». Il est vrai que son pédigrée est unique.
 
À 30 ans à peine, la peintre parisienne née à Damas est représentée par la très chic galerie Art Concept. Et elle a déjà connu les honneurs d'une première monographie dans l'Hexagone ainsi que d'expositions à la Fondation Cartier, à Art Paris, au Printemps de septembre toulousain et son travail a été remarqué partout.

Pourquoi ?  Sur quoi se fonder pour distinguer parmi une production picturale foisonnante ces tableaux mi-abstraits mi-figuratifs aux titres poétiquement énigmatiques ? Ne comptez pas sur la présentation du travail de Myriam Haddad offerte sur le site du Frac-Auvergne à l'occasion de son exposition « Là-bas sur le ciel d'orage ». Les mots érudits ne manquent pas pour dire tout le talent d'Haddad. Mais ils n'enrichissent en rien le regard éclairé que peuvent porter d'eux-mêmes les amateurs d'art sur cette œuvre volontiers trash et toujours colorée. Ne serait-ce que pour la différencier d'un Di Rosa lassé de tant dessiner.

Myriam Haddad - Un ciel volé - 2020

Les improbables renvois faits ici à de prétendues références culturelles de préférence mythologiques de l'artiste ne changent rien à l'affaire. En bientôt 2022, c'est la danse du pinceau sur la toile qui prime quand l'enjeu est de crier ou non au génie pictural. L'Œil va heureusement dans ce sens avec de très beaux mots simples mais justes de Fabien Simode. Il cite Eugène Leroy et Soutine. C'est vrai que les tableaux faussement bâclés d'Haddad semblent dompter le jeu voulu indéterminé des strates mêlées et formes floues du premier pour radicaliser les couleurs vives et molles aux contours biaisés du second.

Est-ce suffisant pour envisager un accrochage un jour prochain à la Tate ou à Beaubourg ? Accorder du crédit à de telles conjectures présuppose de gratter un peu plus le vernis. Fabien Simode ouvre une piste dans cette voie lorsqu'il s'interroge sur le sens des « énigmatiques pastilles monochromes » dont Haddad parsème ses œuvres pour « dérouter notre imaginaire ». Serait-ce pour « rappeler qu'il ne s'agit que de peinture » ? Bien vu. Tout se joue là effectivement. Dans cette nouvelle interrogation à laquelle se livre la peintre sur ce qu'est la peinture. Par essence comme aujourd'hui. Myriam Haddad surfe sur l'abstraction en semblant laisser émerger, comme malgré elle, des mirages, hallucinations, chimères ou ectoplasmes douteux de figuration. Vomissures verticales.

Sa peinture joue des couches des matières, des lumières comme le ferait un Soulages sorti du noir après un stage de coloriste chez Mickey Magazine. Cette hésitation feinte de l'artiste est un trait (non dessiné) de génie. Car notre regard allait se faire quasiment méprisant lorsqu'il est soudain piégé par ces fausses approximations qui constituent la marque de fabrique d'une peinture dont le sens ne sèche jamais. Myriam Haddad fourre abstrait et figuratif dans le même sac comme mono-signifiants. Elle pratique l'art de la disruption pour partir explorer les terres quasiment vierges de la peinture polysémique.

Légendes des illustrations :
Myriam Haddad - Un ciel volé - 2020
Myriam Haddad - Crépuscule - 2020

 

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