Mendrisse
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Extraits des Mémoires de Balthus

Extraits des Mémoires de Balthus ( Ed. 2001) « Le peintre n’est rien dans l’aventure de la peinture, il n’est qu’une main, un outil ou une passerelle qui transmet, conduit, ne sait pas toujours ou lui-même va, mais agit comme un transmetteur du rêve , de ce qui est encore ignoré, illisible et secret. Peindre ce n’est pas figurer mais pénétrer . Aller au cœur du secret. Faire en sorte de renvoyer l’image intérieure , de sorte que le peintre est aussi un miroir. Il réfléchit l’esprit, le trait de lumière intérieure.C’est une chose très difficile, une alchimie qui demande beaucoup de concentration, de résistance au monde extèrieur . Un portrait par exemple, est un fragment d’âme à saisir, une trouée dans l’inconnu.Un dessin est un travail plus austère que la peinture : c’est plus mystique car il s’agit de parvenir au feu, au brasier incandescent ; il s’agit parfois de quelques traits et le feu est volé, capturé, saisi dans sa fugacité même, dans son éblouissement entrevu. La peinture est une approche métaphysique, spirituelle, une vraie démarche de pèlerin. Pas un jour sans Mozart, sa grâce et sa gravité. La peinture et la musique se confondent, elles parlent toutes deux de la même chose, elles cherchent à atteindre la même vibration, quelque chose d’infiniment sacré. Mozart y est parvenu…Ce que j’admire le plus chez lui, c’est sa légèreté et cette manière si subtile d’être quand même dans le religieux, cette lenteur et cette hâte qu’il met tout à la fois dans la partition. Je place Mozart au-dessus de tous les compositeurs du monde entier, il a atteint à l’universel, A l’expression la plus élevée de l’âme humaine, il sait comme aucun autre faire vibrer les émotions, atteindre ainsi aux secrets du monde, aux mystères les plus enfouis….. En l’écoutant, je ressens toute la gamme des émotions, comparable à celle des couleurs, l’humour, la plainte, le malheur,le bonheur,la tendresse, la compassion, la douleur. Pour moi, une couleur ne prend son rôle, son timbre pourrais-je dire, que lorqu’il y en a une autre à côté d’elle. »