Maliwan Delphine Senn
Maliwan Delphine Senn sur le site d’ARTactif

Cursus artistique :

École d'Art Jacot. Belfort. 

Sculpture / dessin / peinture / PAO arts graphiques 

Figuration/second rôle 

Longs-métrages, courts-métrages.

Théâtre Granit ( 1998-2006 )

Comédienne.

Concours International d'art :

" Luxembourg Art Prize "  2022 et 2023 :  certificat sur demande.

 

Chant en Asie ( en Thaïlande)

De 1990- 1998.

 

Pratique du piano classique, et  quelques essais d'écriture.

De 1972 à 1998, plusieurs voyages à l'étranger.

 

 

 Maliwan Delphine  Senn

 

 

Cours de dessin et de peinture, ensuite le théâtre et le chant en Asie. C’est bien ce que l’on lit dans sa biographie restreinte, restreinte je crois par pudeur, pour cacher en quelque sorte sa lumière. Et Delphine a raison, car la lumière nous allons la découvrir en observant ses œuvres. C’est comme si on lisait, du moins c’est ce que ma pensée me suggère, un passage de L’Amant de Margherite Duras, avec les distinctions nécessaires bien entendu, de cette petite fille en Indochine qui traverse le delta du Mékong à bord d’un bateau et qui rencontre l’amour de sa vie aux yeux bridés. C’était probablement comme ça quand Delphine faisait retour en Europe. Cependant je ne veux pas m’aventurer dans les histoires sentimentales de Maliwan Delphine Senn, ce qui m’intéresse en revanche ce sont ses créations artistiques. Elles évoquent l’Orient? Oui. D’une certaine façon. Mais elles évoquent tout aussi bien l’Occident. Elles évoquent un temps écoulé, tout en vivant dans le présent. Elles évoquent un monde passé mais assez proche, ce XXème siècle qui a dit beaucoup de choses dans tous les domaines et auquel les jeunes générations doivent au moins du respect, voire même de l’affection. Et c’est bien de l’affection que Delphine ressant pour le siècle dernier, pour sa graphie qui ne peut pas s’empêcher de le rappeler, ces lignes colorées qui s’étendent délicatement sur le papier en dessinant ses figures. Un monde, celui de Delphine, complètement inventé qui passe (dans le souvenir) du fantastique de Jean Cocteau avec ses noirs et blancs à un autre fantastique, celui de Max Ernst ou de Victor Brauner dans la couleur. J’ai dit dans le souvenir, car il s’agit de mémoires lointaines, fixées dans l’esprit parmi les choses importantes à garder dans les yeux. Cependant Delphine est de la même façon intéressée à l’époque où elle vit, et voilà que, sans pour autant trahir ses repères initiaux, des images luminescentes apparaissent, (presque) technologiques, comme des cartes géographiques sur lesquelles des petits points lumineux nous indiquent un parcours qui nous parle de mondes lointains, joyeux, comme en fête. Un “retour” dans l’Asie tant aimée et jamais oubliée? Toujours ce lien avec Marguerite Duras? Il y a bien la Thaïlande à la place de l’Indochine, mais ce qui reste identique c’est l’amour jamais assoupi pour cette terre lointaine. Ou bien pour le miroitement de l’eau qui reste dans les yeux lorsqu’on observe celle-ci du haut du bateau.

Le parcours de vie et artistique de cette artiste est à mon avis très intéressant. Il laisse entrevoir l’Orient qui se combine à la France des avant-gardes du XXème siècle entre le surréalisme et le symbolisme, sans pour autant oublier certaines fascinations pour la décomposition de l’image très chère à Picasso, ou tout aussi bien à certains défis transgressifs viennois du même siècle. Je pense à certains dessins de Hundertwasser, par exemple, dans lesquels la figure humaine était cachée dans la graphie dense et quasiment abstraite du récit. Ici le récit, au contraire, est sans doute uniquement figuratif (que personne ne se fasse piéger par les abstractions du signe) et possède un certain caractère sacré qui lui vient de l’écoute d’anciennes fables orientales où la recherche du religieux passe par la recherche de l’homme, dans lesquelles l’amour et l’érotisme ne peuvent pas se passer de l’ésotérisme et de ses rituels fixés dans le temps.

Ce qui est certain, c’est que les œuvres de Maliwan Delphine Senn sont entourées d’un halo de mystère, et comme tel celui-ci échappe à une interprétation univoque. Ce qui nous reste c’est la conviction que pour pouvoir s’approcher à sa peinture il faut aller au-delà, comme Alice. Au-delà du miroir.

 

 

-     Alex Donadio    -

http://www.alexdonadio.com/FR/index_fr.htm