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L’image dans un état critique
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Juillet 2021 | Temps de lecture : 10 Min | 0 Commentaire(s)

La réflexion sur l’image, son statut, son rôle, ses défis à l’ère du numérique de la critique d’art Annie Lebrun part d’un constat inquiétant partagé avec son coauteur de « Ceci tuera cela », le philosophe Juri Armanda. Interviewée par Beaux-Arts, la commissaire de la mythique exposition « Sade – Attaquer le soleil » va jusqu’à affirmer sans la moindre nuance : « Le nombre a pénétré l’image pour la vider de son sens, de son contenu, de son être ». Et il ne s’agit pas ici de trouver que c’est joliment dit pour mieux enterrer le débat et passer à autre chose de plus distrayant. Et plus digital.

Annie Lebrun ne lâche pas l’affaire. Elle veut aller jusqu’à l’os. Avec la détermination d’un pitbull jouant au saint-bernard de l’art. Sa critique du numérique se distingue de toutes les autres en ce qu’elle vise à montrer que tout concourt aujourd’hui à réduire l’image à un objet de calcul.

C’est ce fait nouveau qui caractérise pour elle l’art de notre époque où capital et technologie ne font plus qu’un. Le principal levier de cette révolution résidant dans la façon dont l’instantanéité de la reproduction et de la distribution des images affecte les conditions voire la vocation même de la production artistique. De l’influence des smartphones sur les pinceaux, burins et autres objectifs.

Premier impact : l’image est désormais soumise à la « dictature de la visibilité ».  Il s’agit désormais davantage de se montrer que de montrer quelque chose. Jusqu’à ce qu’aucun train n’entre plus en gare de la Ciotat. La valeur d’une image, c’est vrai, se résume aujourd’hui au nombre de vues qu’elle obtient sur les réseaux. Ce score est son message. Le cas de Love is in the bin de Banksy apparaît dès lors comme « moment fondateur qui consacre l’équivalence de l’image et de l’argent ». On gagne, notoriété aidant, à détruire une œuvre d’art qu’à la vendre. Drôle d’Action Painting !


Bilan d’Annie Le Brun. Nous étions des regardeurs, nous voilà des suiveurs. Indifférents au fond qui pourrait nous parler, nous lui préférons les images creuses qui cartonnent et nous enseignent ce que nous savons déjà. Enterrement de première classe pour l’imagination. Pire encore : dans cette nouvelle économie du regard, toute image devient à la fois un objet de profit et moyen de contrôle. Les images, vecteurs de nos mythes collectifs, ne nous regardent-elles pas tous autant que nous sommes ? Si, si. Il suffit d’y intégrer un dispositif d’eye tracking

 

Photo : Annie Le Brun – Juri Armanda Ceci tuera cela - Essais Stock

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