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L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
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Panorama de l’art allemand des années 1920
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Juillet 2022 | Temps de lecture : 17 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de l’exposition sur la Nouvelle Objectivité visible au Centre Pompidou à Paris du 11 mai au 5 septembre 2022.

On imagine bien l’ambiance cataclysmique de l’Allemagne pour sortir de la Première Guerre Mondiale. Et pourtant, la fragile République de Weimar ayant réussi à se mettre sur pied malgré les violentes tensions et les coups d’Etat, fut baptisée dans les années 1920 la « République des arts ».  Car elle devint rapidement un foyer bouillonnant d’idées neuves. C’est notamment là que l’architecte Walter Gropius fonda en 1919 le Bauhaus, cet institut d’arts et métiers qui forgera le design et ancrera la modernité. Mais c’est là aussi que d’innombrables artistes mirent un coup de pied dans la fourmilière de l’Expressionisme et de son « subjectivisme fiévreux et débordant », comme le décrit Manuel Jover dans l’article de Connaissance des Arts consacré à l’exposition qui se tiendra au Musée national d’art moderne, Centre Pompidou à Paris du 11 mai au 5 septembre : « Allemagne / Années 20 / Nouvelle Objectivité / August Sander ».

Par opposition à ce subjectivisme, Gustav Friedrich Hartlaub, le directeur de la Kunsthalle de Manheim eut l’idée d’intituler « Nouvelle Objectivité » la grande exposition qu’il organisa en 1925 pour réunir tous ces nouveaux talents. Effectivement, « on peut avoir du mal à comprendre comment pouvaient être réunies sous la même bannière des démarches aussi opposées que le réalisme intemporel et désincarné, classicisant, d’Alexander Kanoldt, Georg Schrimpf ou Carlo Mense, et le vérisme acide jusqu’à la caricature, en prise directe avec la réalité sociale, d’un Georg Grosz et d’un Otto Dix, ou la précision clinique d’un Christian Schad. » Il n’empêche que même si Hartlaub fait bien la distinction entre une « aile droite » typique de ce que l’on a appelé le « retour à l’ordre », et une « aile gauche » s’inspirant du Dadaïsme, soucieuse de dénoncer le chaos du monde contemporain… un point commun les réunit effectivement. C’est la dépersonnalisation.

Regardez bien ces expressions vides, ces paysages étranges, cette impitoyable lucidité. On est bien loin de l’Expressionisme exalté. Dans ces tableaux tout est froid. L’objet règne en maître. L’humanité lui a cédé la place. Le machinisme venu des Etats-Unis a mécanisé le travail, la technique a mécanisé les hommes. Et les œuvres d’art ont perdu leur âme. Manuel Jover n’hésite pas à parler d’un « silence du cœur ». De là à penser que ce cynisme glacial est prémonitoire de la crise de 1929 et de ce qui suivra, il n’y a qu’un pas. Facile à faire d’ailleurs, lorsqu’on sait à quel point les artistes sont sensibles aux vibrations du monde. Et ce monde qui les verra en 1933 traités de « dégénérés » n’a pas la vibration discrète. Les peintres Georg Grosz, Otto Dix et Max Beckmann, tout autant que les photographes Albert Renger-Patzsch et August Sander, ne se cachent pas de vouloir dénoncer le militarisme et la guerre, de ne rien vouloir dissimuler des aspects choquants et violents de la société de leur temps, de ne pas vouloir embellir les conditions de vie dans la ville moderne.

Les historiens étendent le concept de la Nouvelle Objectivité à tous les domaines de la création pendant la République de Weimar. En littérature on citera Bertold Brecht, Alfred Döblin ou Herman Broch. En musique, Kurt Weill ou Paul Hindemith. En cinéma, certains films de Pabst. Et en architecture on a bien sûr la « Nouvelle Construction ». Mais c’est encore la photographie qui finalement sera la plus apte à documenter la réalité de cette époque. Première vue d’ensemble proposée en France sur l’art et la culture de la Nouvelle Objectivité, l’exposition du Centre Pompidou réunit donc la peinture et la photographie, mais aussi l’architecture, le design, le cinéma, le théâtre, la littérature et la musique. L’idée géniale pour ne pas nous perdre dans ce panorama multidisciplinaire est de l’avoir articulé autour des différents chapitres de la grand œuvre d’August Sander, « Hommes du XXe siècle ».

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