Découvrez le travail contemporain de Alexandra Denis
Née en 1976, Alexandra Denis vit dans le Finistère nord en Bretagne. Diplômée d’Arts Plastiques, sa carrière professionnelle a débuté en région parisienne en 2000 dans l’enseignement au service de l’Education et de la Culture. Son vocabulaire quotidien s’est forgé sur la connaissance et la compréhension d’oeuvres de toutes formes, de tous horizons et de toutes époques confondues. Espace, couleur, lumière, support et matière sont autant de sources d’expression et de réflexion.
Forte d’une longue pratique diversifiée (dessin, peinture, photographie, sculpture, vidéo), elle a souhaité développer un savoir-faire technique plus approfondi. Passionnée par l’architecture, le design et curieuse des nouvelles possibilités et potentialités de création, elle s’est formée en tant que décoratrice d’intérieur en 2015, puis obtenu une seconde certification en tant que matiériste coloriste en décor mural en 2016 après un passage à l’EEAM (Ecole Européenne des Arts et des Matières), lauréate d’un projet de création.
Equilibr’art pourrait être le terme donné à sa démarche créatrice située à mi-chemin entre l’artiste et l’artisane. Toute la difficulté et l’ambiguïté de son travail artistique est de trouver un compromis, un équilibre qu’elle revendique et désire plus que tout unir dans notre ère contemporaine. Elle refuse l’opposition entre les arts plastiques et les arts appliqués véhiculée par la tradition et s’efforce au contraire de les entremêler, y trouvant une source d’inspiration constante. L’image qu’elle crée et offre au spectateur produit un esthétisme global saisissant, mystique, tout à la fois étrange et intime.
Alexandra Denis présente une série d’images prises sur le vif représentative d’une période déterminée. C’est l’objectif de son téléphone portable, en étant passagère, qui lui a permis de capturer, derrière la vitre de la voiture, ces images durant ces deux dernières années consécutives. Toujours sincère, rarement superficielle, jamais gratuite, sa démarche questionne les évidences. Le spectateur est face à des morceaux de paysages finistériens, étrangements, familiers.
L’image est manipulable et le banal dynamisé. Par l’acte de pivotement, la singulière ligne horizontale du sujet paysage est bousculée. L’esprit se heurte à un horizon devenu vertical. Une nouvelle lecture doit avoir lieu afin d’entrer dans l’image. Une fois le transfert accepté, sans que la tête ne penche nécessairement, la magie opère. Les éléments plastiques interagissent avec force dans les séries A/Verse et A/Traction. Les outils utilisés sont semblables à l’acte de peindre, d’où l’impression parfois sur toile. La matérialité y est davantage palpable. La mise en évidence du flou en périphérie et du grain exacerbé au centre donne du corps à l’image. La pluie et le reflet dans la vitre sont des matériaux qui texturent et déforment la réalité poétiquement. Le mouvement tisse le fil des paysages colorés, créant des tensions, des chutes, des absences. La composition, souvent bi-partique, écrase la surface jusqu’à l’abstraction, autant que les détails, nettement lointains, ouvrent l’espace à l’imaginaire et l’interprétation.
Le voyage mental se poursuit sur l’oreiller dans ses boites d’images sacralisées. Présence et absence au monde, mémoire et rêves sublimés, sa sensible imagerie nous parle silencieusement dans une intime singularité.
Riche de références, elle affectionne prioritairement Louise Bourgeois et Annette Messager pour leur démarche intimiste, Anselm Kieffer et Lucien Freud pour leur quête insatiable de la matière narrative, Caravage pour ses puissants contrastes, Bill Viola pour sa temporalité et sa poésie, Mark Rothko pour sa spécialité colorée ainsi que Yayoi Kusama pour ses images mentales organiques.
